– Racontez-nous l’histoire de la salle. Quelle est sa philosophie / son identité – Quelle est votre couleur musicale / ligne artistique ?
Ouvert depuis l’été 2013, Le Sucre est un club et lieu culturel en rooftop situé sur le toit du bâtiment industriel historique de La Sucrière, au coeur du quartier Confluence. Bordée sur son aile ouest par la rivière Saône, sa terrasse offre une vue à 360° sur la ville de Lyon et sur une zone urbaine en pleine transition. Géré par la société Culture Next en collaboration avec l’association Arty Farty, Le Sucre est devenu au fil du temps un lieu incontournable pour la jeunesse lyonnaise, et s’est construit un statut de référence incontestable sur la scène club européenne. Ouvert toute l’année, il programme plus de 220 événements et accueille environ 150.000 personnes par an, avec des temps forts comme le festival Nuits sonores en mai.
La programmation du Sucre, éditorialisée par cycles et saisonnalisée, reflète une recherche permanente de diversité et d’exigence, avec une volonté ferme de ne s’enfermer dans aucune case. Son ADN artistique peut donc se résumer simplement à un panorama le plus large possible des musiques électroniques, actuelles et populaires, qu’elles soient émergentes ou installées. Son agenda se déroule au rythme de soirées régulières incarnées par des résident·e·s qui rassemblent sous leur bannière des communautés diverses, à l’instar de Pablo Valentino et sa résidence historique Children of the Drum axée sur le groove et toutes ses ramifications, ou encore le collectif PlusBelleLaNuit qui propose depuis 2015 les fêtes queer, insoumises et cultes Garçon Sauvage.
Protéiforme et mouvant, le lieu évolue suivant les esthétiques, les formats et les saisons, et peut à la fois se faire bar panoramique, salle de concert vibrante, mini-club pointu ou grande messe techno dominicale… Avec toujours une attention unique accordée au son, diffusé par un soundsystem Meyer conçu sur-mesure, un facteur déterminant qui a aussi contribué à faire la réputation du Sucre.
Installé dans un écosystème artistique foisonnant, Le Sucre se veut aussi être la chambre d’écho de la scène musicale lyonnaise et régionale, en participant, de par sa programmation, à son renforcement et à sa promotion. On peut ainsi croiser chaque weekend sur le rooftop ces nombreux·ses local heroes, installé·e·s dans le territoire, et qui font rayonner leur scène au-delà de la région Rhône-Alpes.
Le Sucre ancre également son action dans un cadre plus global de promotion et de défense de la « culture club » au sens large, ainsi que des valeurs qu’elle sous-tend qui sont celles de la tolérance et de l’inclusion, du métissage et de l’hybridation, du lâcher-prise et de la liberté… Il vise ainsi à tendre vers la définition du « safe space » où chacun·e se sente en sécurité, libre d’être qui il·elle veut, et rejette fermement toute forme de discrimination.
À l’écoute de la société et des mouvements qui la traversent, l’équipe du Sucre mène – en particulier depuis le hiatus prolongé et forcé dû à la crise du COVID-19 – un profond travail de réflexion sur ses propres pratiques, notamment sur les questions relatives à l’égalité entre les genres, l’inclusion des minorités, et la responsabilité écologique.
– Un des derniers événements / concerts programmés qui vous a tout particulièrement marqué.
La légende de l’acid-house Andy Jenkinson aka Ceephax Acid Crew le 17 janvier 2020, quelques semaines avant le gros bordel généralisé. Il a joué comme toujours en live, avec ses machines analogiques old-school comme aux plus belles heures du Summer of Love, et c’était une très bonne teuf avec une avalanche de mélodies acid ultra-fun comme seul Ceephax en a le secret. D’autant plus que c’était pour un mini club, un nouveau format spécial vendredi d’hiver qu’on avait lancé en octobre 2019, et qui nous permet d’aller vers une programmation un peu plus défricheuse et une ambiance plus intimiste, puisque la jauge du club est divisée par 2 et que les artistes sont plus proches du public que d’habitude, ce qui pour le coup se prêtait à fond au set de Ceephax. Aux platines, les locaux Random Item et Mush avaient également bien assuré, respectivement au warm-up et au closing.
Ce nouveau cycle mini club avait vraiment trouvé son public, ce qui représentait pour nous une vraie satisfaction sur notre dernière saison. Même en interne, c’était devenu un vrai rendez-vous pour acter le début du weekend, et on était nombreux·ses dans notre équipe à y aller quasi chaque semaine. C’était le cas pour Ceephax, lui qui est l’un des héros absolus d’un de nos programmateurs, on avait donc passé une très bonne soirée !
– Quelles sont vos projets / concerts / festivals / envies / utopies pour 2021 ?
Avoir des projets en 2021 déjà ce serait bien… Plus sérieusement actuellement on commence un peu à réfléchir à la ré-ouverture du Sucre et ce qu’on aura envie de faire à partir de cette fameuse reprise que tout le monde attend, même si on a encore 0 perspectives concrètes pour le moment. En plus de notre programmation régulière de club, parmi les dossiers en cours de réflexion, nous avons le programme Africa2020 en partenariat avec l’Institut français et qui était déjà censé se tenir l’année dernière comme son nom l’indique, et aussi Intérieur Queer, festival des cultures Queer qu’on organise avec le crew PlusBelleLaNuit.
En dehors des ouvertures publiques, au Sucre nous avons mis en place depuis septembre 2020 un certain nombre de dispositifs pour essayer de faire bénéficier notre outil de travail de façon constructive. On est donc devenu lieu de résidence pour permettre aux artistes professionnel.les de peaufiner leur live dans des conditions optimales. Nous avons pour l’instant accueilli les artistes Mangabey, OBI, et très prochainement la chanteuse gabonaise Pamela Badjogo. Et on est en discussion avec beaucoup de super projets pour poursuivre dans ce sens.
On a aussi mis en place des cours de DJing destinés en priorité à des personnes traditionnellement sous-représentées dans le milieu des musiques électroniques. On a une « équipe pédagogique » de feu composée de Bernadette, Pedro Bertho et Mush, et les cours semblent pour l’instant faire l’unanimité, ce qui nous ravit ! Dans le même ordre d’idée, nous accueillons également les sessions de l’académie Nashton qui propose à ses alumnis une formation autour de la production électronique. Cet aspect formation / transmission est assez nouveau dans notre activité, et c’est actuellement l’une des seules choses qu’on peut faire avec les normes sanitaires en vigueur, mais on est bien motivé·e·s dans l’équipe pour continuer à développer cet axe, on en reparlera sûrement à l’avenir.
Enfin, à l’échelle de nos équipes nous avons également entamé un profond travail de réflexion sur nos propres pratiques professionnelles, notamment sur les questions relatives à l’égalité entre les genres, l’inclusion des minorités, ou encore notre responsabilité écologique. On essaye de mettre à profit un temps que nous n’avions pas auparavant, pour réfléchir et vérifier la conformité entre nos valeurs et nos actes, identifier ce qu’on fait mal ou pas assez bien, et dégager des objectifs à atteindre et des axes de progression prioritaires.
Donc pour résumer, en termes d’ « utopie », si 2021 peut réellement être un grand « reset » et ouvrir la voie vers un vrai « monde d’après » et un changement de paradigme sur plein de sujets, on signe tout de suite ! En termes d’ « envies » (plus réaliste) on aimerait évidemment beaucoup retrouver notre coeur de métier qui consiste à rassembler des gens au même endroit au même moment pour danser, se mélanger et découvrir de nouveaux projets artistiques.
L’équipe du Sucre vous propose de remporter 10 très belles affiches de leurs événements.
Pour jouer, c’est ici !