À la mi-mai, à pratiquement un mois, jour pour jour du lancement de la 25ᵉ édition de Marsatac, les bureaux d’Orane, la structure marseillaise aux commandes du festival depuis sa première édition, est déjà en pleine ébullition. Ça entre. Ça sort. Ça échange. Les infos circulent sans stress même quand la fin de journée s’annonce. Il est 18h, Béatrice Desgranges, la Directrice générale du festival passe d’une pièce à une autre, s’assoie et pose deux tablettes de chocolat sur la table. La présentation de cette nouvelle édition en plein air et diurne peut démarrer.
Le monde ne s’est pas construit en un jour. Marsatac non plus ! Le premier n’avait que 5 continents à structurer, quand Marsatac, qui reprend lui pied pour la deuxième année consécutive au Parc Borely, doit gérer en journée et en soirée dans un parc au cœur d’un tissu urbain plutôt dense, 4 scènes, un espace de restauration (aka La Cantine) dédié aux food-trucks plus conséquents et végan, une aire de détente et de jeux en lien avec des multiples associations, et surtout une programmation artistique structurée autour d’une quarantaine de propositions. Premier satisfecit de la boss : « 38% des propositions sont portées par une femme en lead (*) » assène Beatrice Desgranges. Si cette considération genrée ne veut pas dire grand-chose — la chanteuse d’un groupe essentiellement masculin aux textes et musiques composés par des hommes, est-elle pour autant une femme lead ? — cette considération aboutie tout de même, ici, à un chiffre deux fois plus élevé que celui de la moyenne nationale sur les mêmes critères ; ce qui n’est pas rien !
À jamais les premiers
Ce slogan qui colle à la peau du Vélodrome presque voisin, a ici aussi, au Parc Borely, tout son sens. En effet, très tôt dans l’histoire du festival, les équipes de Marsatac se sont souciées des questions environnementales, avant même qu’elles ne deviennent priorités ministérielles. De même, sur la question des comportements inappropriés en milieu festif (harcèlement, agressions sexuelles …), le festival a été précurseur, imaginant un dispositif baptisé Safer, combinant un lieu d’écoute sécurisé, une application sur smartphone en lien avec une équipe de bénévoles formé.es pour désamorcer les situations mal engagées, et permettre ainsi à chacun de danser et de vivre le festival en toute tranquillité. L’application a depuis accompagné 77 évènements et été téléchargée par un peu plus de 27 000 personnes.
Marseillais, comme son nom l’indique
Parce que dans son ADN, on peut lire les différents courants des musiques actuelles à commencer par les deux plus récents, à savoir le hip-hop et l’électro, Marsatac revendique une ouverture d’esprit qui lui permet d’aligner sur le planning de sa dernière soirée Le Rat Luciano pour lequel il n’est nul besoin de mentionner ses états de services au sein de la Fonky Family et de la « reine souveraine Aya Nakamura » comme la présente le dossier de presse, avec un certain sens de la formule. Ces télescopages artistiques sont le sel de la manifestation qui a reniflé avant d’autres la fin des barrières qui séparent les genres musicaux. Que ce soit Kabeaushé qui ajoute une touche pop à la palette du collectif Nyege Nyege, l’explosive Lazuli, le collectif phocéen Twerkistan, Achim le rappeur de la Casté’ (Marseille) et de manière générale tous les artistes de cette 25ᵉ édition (à retrouver ici) auront le plaisir de partager leurs musiques devant leurs fans, mais aussi devant un public qui n’a peut-être jamais entendu parler d’eux, et pour lequel, ils peuvent qui sait, incarner la bonne surprise de ce millésime 2023.
Surprise, vous avez dit surprise ?
Eux, vous ne pouvez les connaitre à moins de suivre l’actu du hip-hop de Mars jour après jour. La Frappe est un dispositif de repérage de talents en herbe sur l’ensemble du territoire marseillais, et d’accompagnement personnalisé, mis en place pour la troisième fois par et pour le festival. Ils sont 5 sélectionnés. Certains ont un mic au creux de la main depuis une dizaine d’années, d’autres depuis 3 ans seulement. Ils ne se connaissent pas forcément, mais veulent tous, tout niquer sur scène. En tout cas, Marsatac leur en offre la possibilité. À eux de jouer. « Les résidences guidées par Faf Larage, parrain historique du dispositif, ont commencé » précisait à la mi-mai Béatrice Desgranges qui aime tout particulièrement cette scène dédiée « pour sa proximité avec le public, sans barrière, juste très légèrement surélevée, et surtout parce que les artistes qu’elle accueille préfigurent l’avenir. ». Combien seront-ils à intégrer Marsatac Agency, l’agence de management, de production et de booking (recherche de dates de concert, en français dans le texte) qui s’est structurée en parallèle du festival ? L’avenir nous le dira.
Comme les grands
Autre dispositif, Marsatac School propose à des élèves des collèges Henri Barnier et Jean-Claude Izzo à Marseille, de mettre les mains dans le cambouis de la création musicale (compositions, écriture de textes, MAO, percussions…) en compagnie des artistes Wilko & NDY et ceux du collectif Arbuste, avec restitution de leur travail durant le festival. Ça ne rigole pas !
Objectif 16, 17 et 18 juin
Ça turbine à fond donc pour que tout soit opérationnel. Pour que le Parc Borely tienne ses promesses sous le soleil de Mars, en matière de découvertes et de rencontres entre festivaliers mais aussi avec les équipes des associations solidaires. « C’est le reflet de notre engagement au côté des Petits Frères des Pauvres, Solidarité Femme 13 ou La Cloche » commente Béatrice Desgranges. « On collabore aussi avec d’autres comme Clean my Calanques qui organise par exemple une opération de sensibilisation baptisée Penaltri. Au Merchandisng, on trouvera même divers objets (pochettes, porte-monnaie…) réalisés à partir d’anciennes bâches du festival par des élèves de la section Maroquinerie du lycée avec lequel nous collaborons. ». Rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme, une devise attribuée à Lavoisier qui colle si bien à Marsatac qui n’a eu de cesse de se réinventer depuis sa création un week-end de février 1999.
Du 16 au 18 juin au Parc Borely — De 18h à 2h, le vendredi. De 16h à 2h, le samedi et de 15h à minuit, le dimanche. — Tout le détail de la programmation est ici — Pour ce qui est de la billetterie, c’est là, fais vite, il ne reste plus que des places à la journée à 55 €.
(*) La donnée complète est 38% des propositions portées par une femme lead, un peu plus de 10% par au moins un homme et une femme donc mixte, et un peu moins de 52% par un homme.