Dans La Potion cette semaine, Mélissa Laveaux, de retour avec “Mama Forgot Her Name Was Miracle“, un nouvel et 4e album spirituel, poétique et hautement émancipatoire.
Au programme de cet épisode : tarot, vodou haïtien, sortilèges d’amour et de sororité.
À ses débuts en 2008, Mélissa Laveaux se faisait déjà alchimiste de la chanson avec Camphor & Copper, un premier album qui dévoilait les premiers ingrédients de sa potion sonique : une guitare offerte par son père à 13 ans, des textes poétiques en anglais et en créole, une folk-blues hantée, une voix féline. Puis celle qui a fait ses armes de militante dans le milieu punk-fém d’Ottawa poursuivra son chemin de musique en traversant l’Atlantique pour s’installer à Paris où elle vit désormais.
Le déracinement fait partie intégrante de l’ADN musical de Mélissa Laveaux : avant elle, ses parents ont fui Haïti pour Montréal au Canada. Et c’est en partie pour restaurer ce lien perdu avec Haïti, pour guérir l’exil, qu’avec Radyo Siwèl en 2018, Mélissa Laveaux puisait en ethnomusicologue dans ses traditions musicales pour en exhumer comptines et chants perdus, nous rappelant aussi combien la musique peut être un instrument de résistance politique.
Avec Mama Forgot Her Name Was Miracle, la guitariste, chanteuse et poétesse explore aujourd’hui la dimension thérapeutique et spirituelle de la musique en créant une toute nouvelle mythologie : alternative, moderne, subversive et féministe. Car si les rituels et les modèles dont on hérite sont parfois défaillants, dépassés, voire rétrogrades, libre à nous d’innover ! Alors ici Mélissa Laveaux fait appel à une communauté d’héroïnes que l’Histoire a oubliées ou volontairement mises à la marge.
De James Baldwin à la déesse Lilith, les membres de ce chœur-courage se sont affirmé.e.s en refusant de se contenter de survivre, de se soumettre à des normes assignées ou de subir un destin qu’elles n’avaient pas choisi. A l’image de Ching Shih, travailleuse du sexe chinoise qui préféra devenir la pirate la plus respectée des Mers du Sud au début du XIXe siècle. À l’image aussi d’Harriet Tubman, ancienne esclave afro-américaine qui a aidé des centaines d’autres opprimé.e.s à retrouver les routes de la liberté.
Tour à tour guérisseuse et guerrière, Mélissa Laveaux réactive ainsi, pour nous et pour elle-même, en formidable conteuse des eaux profondes, une force vitale miraculeuse qui contrairement aux apparences n’est jamais totalement anéantie.
Tour à tour guérisseuse et guerrière, Mélissa Laveaux réactive ainsi, pour nous et pour elle-même, en formidable conteuse des eaux profondes, une force vitale miraculeuse qui contrairement aux apparences n’est jamais totalement anéantie.
Photo de couverture Mélissa Laveaux © Adeline Rapon