Cette semaine dans La Potion, on s’apaise grâce aux rituels de guérison musicaux de la flûtiste franco-syrienne Naïssam Jalal.
Rituels animistes, transe gnawa ou ragas indiens : comme toujours, La Potion vous répare.
Femme de lutte(s) et flûtiste de combat, en 2011, Naïssam Jalal réunit autour d’elle l’excellent quartet Rhythms of Resistance pour donner corps à sa révolte alors qu’éclate la révolution syrienne, réprimée dans le sang dès ses premières heures. Ensemble, ils publient le remarqué Osloob Hayati, puis Almot Wala Almazala en 2016, dont la fureur sensible traduit parfaitement le mot d’ordre : la mort plutôt que l’humiliation.
Si Naïssam Jalal compose alors avec sa douleur, en 2018, elle se tourne vers un registre beaucoup plus spirituel, intime et transcendantal pour Quest Of The Invisible, un double-album composé d’espace, d’air, de silence et de transe : l’essence même des musiques méditatives, dénominateur commun en tout cas de nombreux répertoires de musiques sacrées qui tendent vers l’extase et une communion avec le divin.
Nouveau mot d’ordre pour la flûtiste désormais en quête de paix et d’élévation ? Méditer, c’est résister.
Alors, après la publication d’Om Al Aagayeb en 2019 – ode à l’âme égyptienne enregistrée au Caire mêlant musique classique, populaire et répertoire mystique – l’année suivante la compositrice retrouve son quintet Rhythms of Resistance et l’Orchestre National de Bretagne pour Un Autre Monde, cri d’alarme symphonique pour dire les catastrophes sociales et écologiques, mais aussi l’amour et l’empathie nécessaires à la construction d’une société plus juste.
À l’occasion de la 31e édition du festival Sons d’Hiver dont Nova était cette année encore l’heureuse partenaire, Naïssam Jalal présentait son tout nouveau répertoire : Healing Rituals, des rituels de guérison chambristes, contemporains et animistes soutenus par son complice de longue date Claude Tchamitchian à la contrebasse, Clément Petit au violoncelle, Zaza Desiderio à la batterie et aux percussions, et bien sûr le souffle habité de la flûtiste.
Photo de couverture Naïssam Jalal © Alexandre Lacombe