Aujourd’hui dans Vitamine So, le morceau « Nights » de Frank Ocean paru sur son disque « Blonde ».
Chaque matin juste avant Alpha Beta Nova , Sophie Marchand met en musique l’actualité d’ Un Nova Jour Se Lève avec un morceau faisant lien avec l’information du jour.
Ces histoire d’OPA, de rachat d’entreprise, de pur capitalisme Sophie ça te donne envie de parler de Frank Ocean ?
Oui parce que mine de rien, Frank Ocean c’est un artiste qui a réussi à tirer son épingle du jeu et à faire un sacré tour de passe passe à une immense maison de disque qui n’a rien vu venir.
Pour vous rappeler l’histoire, en 2009, Frank Ocean est tout jeune, il vient de rejoindre le collectif Odd Future, et il a mis un pied dans l’industrie du disque qui commence sérieusement à penser qu’il est doué. Et notamment un certain Tricky Stewart, qui bosse chez Def Jam, et qui propose de le signer. Sur le papier, c’est le rêve de tout artiste de voir un tel label te dire qu’il croit en toi. Et en même temps, ça peut être un piège parce que, contractuellement, ces entreprises sont réputées pour te ferrer et pas forcément pour t’aider. D’ailleurs à l’époque Def Jam n’est plus si sur du talent de Frank Ocean, ne l’aide pas à se développer, et le délaisse un petit peu. Ce qui va le rendre dingue : il le dit clairement dans un tweet à l’époque : « J’emmerde Def Jam et toutes les entreprises qui signent des gamins avec des rêves et du talent et aucune intention de les développer”. Mais là où l’histoire est chouette c’est qu’elle ne s’arrête pas.
Des années plus tard, on sait que Frank Ocean doit sortir un nouvel album. Or comme contractuellement il lui reste encore un album à sortir chez Def Jam, tout le monde se dit que le disque va sortir dans les règles de l’art. Sauf que pas du tout. Début août il publie un album visuel Endless, de 46 minutes assez belles mais pas transcendantes, qui est disponible que sur Apple Music, mais qui ne peut s’acheter nulle part. C’est une drôle d’œuvre, mais ça n’est pas vraiment un album comme on l’attendait. Grâce à ce coup, Frank Ocean honore son contrat qui l’obligeait à un certain nombre d’album, et il est désormais libre de quitter Def Jam.
Et quelques heures plus tard, il sort Blonde, le vrai album, avec tous les featurings et les tubes.Et ce disque là sort sur son propre label, Boys don’t Cry, ce qui lui permet d’avoir créé cet album en toute liberté, de toucher 70% des revenus et enfin de rendre fou Def Jam qui ne se fait donc pas un dollar sur cette double sortie.
C’est ce qu’on appelle un pied de nez réussi à l’industrie du disque, preuve que même dans les plus hautes sphères du capitalisme il y a des coups à jouer. Alors pour s’en inspirer, écoutons « Nights » de Frank Ocean. Parce qu’en plus d’être un petit hold up, cet album est un des meilleurs disques qui soit sorti ces dernières années, à mon goût.
© Pochette de Blonde, de Frank Ocean.