Chaque jour, Nova met un coup de projecteur sur une nouveauté. Aujourd’hui : « Settlement » de Wassailer.
« Wassailer », en vieil anglais, désigne un chanteur nomade, un musicien de rue qui se produisait de porte à porte, généralement lors d’occasions festives. Ce terme, William Serfass se l’est approprié, lui qui a passé une bonne partie de sa vie à jouer tous types de musiques, de festival en festival, de pays en pays. Arrivé de France jusqu’à Londres il y a une dizaine d’années, il s’est passionné pour ce pays à l’héritage culturel si riche et à la scène actuelle si innovante. Inspiré autant par le hip-hop et le jazz des quartiers sud-est de Londres, où il vit, que par le UK garage et la folk, Wassailer a choisi de ne pas choisir et de tout rassembler sur un premier album qui vient de paraître.
i, the bastard (c’est le nom de l’album) s’écoute comme la bande-son d’un retour de soirée, la tête enfumée, encore vibrante des rythmes du dancefloor et déjà mélancolique de la nuit à venir. Un album à fleur de peau, entre club music brute et pop intimiste, où se pressent fantômes nocturnes et souvenirs de relations brisées. Le propos est cru, le vocabulaire imprégné du slang londonien assumé par son personnage de ménestrel perdu. Mais sous le costume, le ton est profondément fragile, sincère, émouvant.
Quand la tristesse pointe trop, on repart sur le dancefloor pour se changer les idées. C’est ce que fait le percussif « Settlement », un fragment de house bricolée qui évoquera les moments les plus dansants de l’album Debut de Björk, référence assumée. Comme sur le reste de l’album, Wassailer y joue tous les instruments. Et comme sur le reste de l’album, ses contradictions intimes s’y mêlent avec celles de l’Angleterre post-Brexit, lui qui cherche à « s’installer » quelque part et « faire la paix ». Avec lui-même, pour commencer.
Visuel © Melanie Bordas