Rendez-vous en bas, au coin de ta rue, dans ton rade préféré, ta salle de concert adorée, ta galerie chérie. Rendez-vous en bas parce que c’est aussi là qu’est la vie. En bas de chez toi, et tout en bas de la France, ici à Marseille et dans les environs, parce que c’est là que la pulpe est secouée !
Jeudi 24 :
Maya Mihindou nous parle de Sarah Maldoror à la Cantine de Coco Velten. Raconter la vie de Sarah Maldoror (Marguerite Sarah Ducados pour l’état civil), c’est raconter l’histoire en mouvement des luttes indépendantistes et des courants artistiques révolutionnaires panafricains de l’après-guerre dont cette femme née à la fin des années 20 dans le Gers, d’un père guadeloupéen et d’une mère gersoise est une des figures marquantes. Cinéaste et réalisatrice, elle défend un cinéma poétique (son nom d’artiste est un hommage à Lautréamont) et politique, un cinéma engagé. Elle a entre autres été compagnonne de route de la chanteuse, compositrice et comédienne haïtienne Toto Bissainthe, du cinéaste sénégalais Ousmane Sembène, du poète et homme politique angolais Mario de Andrade qui deviendra son mari. Quand elle nous quitte à l’âge de 101 ans, son œuvre compte plus d’une quarantaine de films tous formats confondus. C’est ce parcours de vie que se propose de nous raconter en musique et à travers des lectures, Maya Mihindou, dans le cadre de la programmation Cultures Décoloniales qui court sur tout le mois de février, dont elle signe le visuel du programme. Maya Mihindou est par ailleurs impliquée dans l’exposition parisienne « Sarah Maldoror : Cinéma Tricontinental », actuellement sur les murs du Palais de Tokyo. (19h à la Cantine de Coco Velten — 16, rue Bernard du Bois — 13001 — Entrée libre.).
Le label Stax au cœur du film Soul Kids projeté dans le hall de Coco Velten. Que serait Memphis sans Stax ? Que serait cette ville du Tennessee, parmi les plus sinistrée des Etats-Unis sans ce label qui accompagna la lutte pour les Droits Civiques à son heure de gloire et creuse aujourd’hui encore, le sillon de l’égalité, via une école de musique – la Stax Music Academy – extra-scolaire et gratuite, permettant ainsi à des adolescents passionnés, d’apprendre et de comprendre l’Histoire noire américaine à travers la découverte des plus grands tubes de la Soul. C’est l’aventure de cette academy dont la devise est « changing lives through music (de changer des vies par la musique) » que nous propose de découvrir ce film d’Hugo Sobelman sorti en 2020 et projeté dans le cadre de Cultures Décoloniales et à l’occasion du Black History Month. (A partir de 19h dans le Hall de Coco Velten — 16, rue Bernard du Bois — 13001 — Entrée libre.).
SOvOx fête Ferocity au Makeda. Sortir un E.P. n’est jamais anodin surtout quand celui-ci te permet retrouver ton public après les périodes confinées que l’on sait. D’autant que SOvOX, puisque c’est bien de ce duo devenu trio depuis qu’il s’agit, avait plutôt bien démarré, éructant en 2019 un rock garage aux accents post punks, sur des scènes prestigieuses de Barcelone à celle de la Fiesta des Suds. Ferocity annonce la couleur, à trois donc désormais, ils comptent jusqu’à 4 et envoie le bois. Du massif, du costaud avec plein d’échardes qui te rentrent dans la peau, te picotent et te secouent jusqu’au bout de la nuit, pas de l’allumette profilées ou du balsa ! La première partie est confiée (heureux mélange des genres) à Loucas (hip-hop). Inter-plateaux et fin de soirée avec Adrienne et Rachel aux platines pour un mix très rock. Yeah ! (Dès 20h au Makeda – 103, rue Ferrari — 13005 — Prix libre « à vot’ bon cœur m’sieur, ‘dame ».).
Vendredi 25 :
Africa Unite : Sisyphe et Professeur Babacar aux platines de la Cantine de Coco Velten. A la veille de l’anniversaire de la Conférence de Berlin qui s’était conclu le 26 février 1985 par un accord entre les puissances coloniales quant à un partage de l’Afrique, les DJs Sisiphe et Professeur Babcar rebattent les cartes et les frontières en musique, en rendant un hommage vibrant et dansant aux populations du continent africain qui ont vu leur pays, leurs empires soudain divisés par des frontières tirées au cordeau, à leurs musiques qu’elles soient ancestrales ou rivées au monde d’aujourd’hui. (De 19h30 à minuit à Coco Velten — 16, rue Bernard du Bois — 13001 — Entrée libre.).
Maurad Mancer en concert gratuit à Hypérion pour la sortie de Bon Voyage, son nouvel album. Maurad Mancer aime les mots, parce qu’ils ont un sens et une force, parce qu’ils peuvent nous aider à comprendre le sens de la vie et parfois à apaiser nos douleurs. Guitariste et chanteur, Maurad Mancer écrit de chansons qui font sens quand plus rien n’a de sens. Bon Voyage, son album dont il vient partager la sortie avec nous, parle de la vie, de la mort et de l’irréparable souffrance du départ d’un être chère. Bon Voyage, qu’il vient nous présenter avec tous ses amis muisiciens présents aux enregistrements – « ils sont 7, pas forcément tous ensemble » précise-t-il – parle avec colère, tendresse et un chouya de légèreté des sujets qui ne font pas rire. (A 19h30 à Hypérion – 2 bis, av du Maréchal Foch – entrée gratuite.).
Cumbia et chicha s’exp(l)osent au Makeda. Bien sûr, certains préféreront courir l’Amérique du Sud et la parcourir de la pointe nord de la Colombie au Cap Horn, à l’extrémité australe du Chili, à la recherche de la cumbia ultime, pendant que d’autres, plus vigilant quant à leur bilan carbone, se contenteront de s’ambiancer comme ce soir, en compagnie des quelques-uns des meilleurs ambassadeurs sud-américains du son latino à Marseille. Le nom de la formation avec laquelle ils ont rendez-vous ce soir – Vino y se fue (Ils vont et ils viennent) – en dit long sur la détermination de ces musiciens déjà croisés au sein ou à côté d’autres bandes (La Cumbia Chicharra, La Kambá, La Singular Tropique ou La Banda de Juan). Quand comme ce soir, ils se retrouvent pour partager un répertoire de cumbia et de chicha qu’ils connaissent sur le bout de leurs 50 doigts (et oui ils sont 5), c’est pour tout arracher en glissant une belle part d’impro’ au cœur de chacune de leurs reprises. Une bonne nouvelle pour les danseurs qui sont qui plus est à l’honneur tout au long de la soirée puisqu’avant et après le show, Selecta Will et les DJ’s du Mobylette Sound-System se chargeront de faire grimper l’ambiançomètre dans le rouge, en position caliente ! (Dès 20h30, hasta tarde au Makeda — 103, rue Ferrari — 13005 – 7 €.).
Ok Boomer, la soirée qui dépoussière les 70’s, 80’s et 90’s d’un coup de plumeau. Oh my god, it’s Friday et tu n’as plus l’âge de t’ennuyer à courir d’hypothétiques plans qui déchirent et pas encore celui de rester les yeux rivés sur l’écran de ta télé ou de ton ordi. Tu veux faire la teuf comme au bon vieux temps et au son des galettes du bon vieux temps. Ok Boomer, that’s right, fonce au Chapiteau où t’attend la soirée qu’il te faut et surtout les DJs qui vont bien pour cette soirée délicieusement régressive : DJ Brett, l’orfèvre funk, et ses compagnons, à savoir Selecter The Punisher, le prince du 45T et des grooves à danser, l’éclectique DJ Duff et le roi du 4×4, le tout terrain Seb Deco. (Ouverture des Portes : 20h, DJ-sets de 22h à 3h30, fermeture : 4h au Chapiteau — 38, traverse N-D du Bon Secours — 13003 — en résa : 12 € + frais de loc. Sur place : 7 € si arrivée avant 22h / 15 € après.).
Samedi 26 :
5ème édition des Suds en Hiver, ça reprend. Après une ouverture le 4 février dernier autour de la captation (du fait des mesures Covid) du travail de la chanteuse Mandy Lerouge avec 200 écoliers du pays d’Arles, Les Suds en Hiverreviennent avec « une programmation d’artistes venus d’ici et d’ailleurs(…) pour tisser des liens qui libèrent » comme le précise le dossier de presse, programmation qui court jusqu’au 13 mars,en Arles bien évidemment mais aussi dans les environs, « des plaines de la Crau et de la Camargue aux reliefs des Alpilles », fin de citation. C’est au cinéma Le Méjean que le festival d’inter-saison retrouve le public à l’occasion de la projection de Tonton Manu, un film de Thierry Dechilly et Patrick Puzenat, portrait au long cours du musicien Manu Dibango née en 1933 au Cameroun. La projection sera suivie d’un échange avec le journaliste et ami du festival, Soro Solo. (A 16h aux cinémas Le Méjean — 23, place Nina Berberova — Arles — Plein tarif : 7,5 €, réduit : 6 €.).
Fame, l’escale marseillaise à Marseille. La Baleine, le cinéma du cours Julien accueille aujourd’hui et demain le festival international de films sur la musique (FAME) qui déroulait la programmation de sa 8ème édition, il y a une douzaine de jours à Paris. Cette sélection dans la sélection opérée par Benoît Hické et Olivier Forest, les deux programmateurs du festival qui seront présent à Marseille et l’équipe du cinéma marseillais, aligne trois films dont deux projetés aujourd’hui : Rumba Rules, Nouvelles Générations de David N. Bernatchez et Sammy Baloji (à 16h15) et L’Energie Positive des Dieux de Lætitia Moller (à 21h en avant-première). Le premier se déroule à Kinshasa et s’intéresse aux musiciens de l’Orchestre de la Brigade Sarbati. L’Energie Positive des Dieux cadre, lui, un groupe de rock – Astérotypie – composé de 4 jeunes autistes qui se sont rencontrés dans un institut médico-éducatif. Entre les deux projections, sur le cours Julien (donc en accès libre), DJ Secousse aux platines dressera lors d’un mix Congo-centré, un panorama de ce genre musical dansant inscrit depuis décembre dernier au patrimoine culturel immatériel de l’humanité, des tubes de la rumba d’antan à ses dernières mutations/évolutions. (séance au prix du cinéma soit 9,50 € – Chômeurs, détenteurs du RSA, étudiants ou seniors : 7.5 € – Moins de 14 ANS : 4.5€ – 15/20 ans : 6.5 € – groupe : 6.5 €.).
5ème édition des Suds en Hiver, ça reprend… et ça continue. Après Tonton Manu, le documentaire sur la vie et la carrière de Manu Dibango projeté en aprem, pour lancer le mouvement, Les Suds en Hiver convie au Cargo de Nuit, donc en soirée, Pongo, la reine du Kuduro et la paire de DJs arlesiens Puta ! Puta ! L’Angolaise a upgradé le kuduro, la musique des faubourgs de Luanda et de Lisbonne où elle vit désormais, lui ouvrant les portes des prime-time télévisés. Quant à aux deux DJs, ils soigne un mix tropicaliste où musiques du monde, rock et psyché s’approchent, se courtisent et se frottent dans un libertinage musical toujours dansant. (21h au Cargo de Nuit — 7, av Sadi Carnot — Arles — Plein tarif : 15 € / Tarif réduit : 10 €.).
Dimanche 27 :
Dick Annegarn, Söl et unique à la chapelle du Méjean à Arles. Söl est le nom de son dernier opus. Söl est aussi la façon dont se présente à nous, celui qui sans nous avoir jamais vraiment quitté, occupe le paysage musical depuis des décennies : avec discrétion et insistance comme une petite musique qui trotte dans nos têtes sans qu’on ne puisse la chasser. Sa voix d’ailleurs, sans aucune autre pareille, ses textes qu’il cisèle à sa mesure et sa guitare qui accompagne celui que le dossier de presse qualifie de « d’insolite et salutaire Néerlandais Franco-fou chantant » font de lui plus qu’un personnage solitaire, un auteur compositeur et interprète unique. (A 16h — Ouverture des portes : 15h — Chapelle du Méjean — Arles — Plein tarif : 15 € / Tarif réduit : 10 €.).
Poly Styrene : I am a cliché, dernière projection du Fame à Marseille. Pour qui ne connait pas Poly Styrene, figure iconique de la scène proto-punk britannique, ce documentaire sera une entrée en matière indispensable et « éclairera la filiation possible entre la chanteuse des X-Ray Spex et le mouvement riot grrrl ou la scène afro-punk d’aujourd’hui » suggère le dossier de presse de ce film co-réalisé par Paul Sng et Celeste Bell-Dos Santos, sa propre fille. Pour les artistes contemporains de ces scènes contestataires et engagés, la chanteuse aux origines mixtes, mi-écossaises mi-somaliennes, est une sorte de guide spirituel et l’archetype de la punk féministe moderne. (A 16h à la Baleine — 59, cours Julien — 13006 — séance au prix du cinéma soit 9,50 € — Chômeurs, détenteurs du RSA, étudiants ou seniors : 7.5 € — Moins de 14 ANS : 4.5€ — 15/20 ans : 6.5 € — groupe : 6.5 €.).
Aventures musicales avec Laurence Wasser, Zone Négative et Gardeurs au SOMA. Quand la mer vous semble trop loin, trop fraiche, trop pleine de monde, trop polluée ou juste trop trop, quand le dimanche a démarré trop tard ou quand juste l’envie d’aller au SOMA sur le cours Ju’ vous prend, sachez qu’aujourd’hui, Laurence Wasser, Zone Négative, Gardeurs et leurs lives respectifs vous y attendent. Gardeurs pourrait bien être marseillais, le fameux Gardeurs marseillais (Ok, je sors), « magnétisant et profond » à ce qu’on dit de ce duo trans-Manche « aux beats bien lourd, bien noise, bien lent, bien dub et un chouïa hip-hop » comme nous martèle l’argumentaire. Kate Fletcher et Aymeric Hainaux, les deux protagonistes croisent shruti box, effets électroniques, voix, beatbox, cassettes, cloches et harmonica. Quant aux autres : Laurence Wasser, musicien autodidacte et créateur du festival Endless Summer, n’est autre que l’ancien résident du SOMA. Zone Négative, un autre duo (Tyfen Guilloux et Nora Neko), en est l’actuel ! Cette dernière paire de musiciens performers brouille les pistes, en hybride de nouvelles où luisent la musique, l’image, le corps et même quelques bribes de textes ; des pistes qu’il nous reste à compléter de nos propres perceptions. Interactif si l’on veut ! (A 20h au SOMA — 55, cours Julien — 13006 — Entrée libre.).