C’est le moment de rentabiliser ces instants passés à piler et à se demander si ça ne va pas plus vite sur la file de droite, finalement… Voici notre sélection de dix albums sortis depuis janvier, qui vous mettront en joie sur la route des vacances, c’est promis.
Orquideas de Kali Uchis
Vous n’avez pas pu la rater sur Nova, Kali Uchis brillait dans TOUS nos tops de fin d’année 2023, avec son album Red Moon in Venus, porté par les merveilleux “All Mine” et “Moonlight”. Une neo-soul latino-américaine digne des temps modernes, où s’entremêlent les tendances et le traditionnel assumé. Moins d’un an après, Kali Uchis est revenue avec Orquideas, l’homologue espagnol (tant attendu) du précédent disque. On a aimé, c’est avec celui-ci que commence le trajet.
Le boléro sur “Te Mata”, un reggaeton puissant sur le remix “No Hay Ley Parte 2” avec Rauw Alejandro, un autre duo avec sa complice colombienne Karol G sur “Labios Mordidos”… De quoi fredonner sur les routes en pratiquant son espagnol (« me gusta la Radio Nova » étant un classique de l’apprentissage de la langue).
Lost and Found de Isaac Delusion
Imaginez : vous êtes encore enfant, sur le siège arrière de la voiture, lors d’un trajet retour de vacances. À la frontière entre rêve et éveil, la lumière des réverbères défile à travers la fenêtre, une voix cristalline sort de la radio, et vous berce au rythme des vibrations du moteur. C’est celle d’Isaac Delusion sur « Internet », le single de son dernier album, Lost and Found. Un disque à écouter pour rêvasser, donc, et rêver des couchers de soleil du Morbihan, oui parce que c’est dans cette splendide contrée qu’a été concocté Lost and Found. Si vous partez en Bretagne, c’est idéal, donc.
Silence is Love de Nia Archives
Nia Archives perpétue l’esprit underground et communautaire de la scène rave britannique, tout en bouleversant les codes à coups de boucles de batterie et de basse. Une nouvelle Boiler Room entre meufs pour le 8 mars, ses soirées bouillantes et bienveillantes « Up Ya Archives », et surtout son premier album Silence Is Love… Émotion et mélancolie, sur une jungle super énergique et salvatrice, ou même sur un air de samba (rappelez-vous « Baianá » en hommage à ses héros brésiliens DJ Patife et DJ Marky). Nia Archives produit ce qui la rend heureuse et ce qu’elle a envie entendre, et ce n’est pas la seule : la nouvelle scène de « junglist” s’accorde au féminin avec Sherelle, PinkPantheress et SadBoi.
Where’s my Utopia de Yard Act
On reste dans cette énergie avec le postpunk de Yard Act, groupe qui a déboulé de Leeds en 2022, au son riche en critique sociale et en guitare saturée. Une verve toute britannique à mi-chemin entre The Fall, Fontaines D.C. et IDLES, dont on attendait le retour avec impatience depuis le premier album The Overload. Rien ne vous empêche de réécouter ce premier disque, mais enchainez avec Where’s my Utopia ? Un second album fidèle au post-punk mais qui élargit la palette sonore du groupe avec des influences variées, notamment Fela Kuti et la pop-dance des années 2000.
S’il faut encore vous convaincre, écoutez donc “Dream Job”, le premier single. Trois minutes, top chrono pour une critique de l’industrie musicale, de la société de consommation et du chanteur James Smith, lui-même. Une ironie efficace et un joli coup de main de Remi Kabaka Jr (celui des Gorillaz) à la prod.
Don’t Take It Personal de Dizzee Rascal
« How Did I Get So Calm », comme son nom ne l’indique pas, donne envie de tout casser avec des basses qui bombardent. Le morceau est donc à mettre très fort quand vraiment ça bouchonne sévère, pour un effet cathartique. Dans ce nouvel album, Don’t Take It Personal, le message est clair : le pionnier du grime est toujours aussi remonté et il a le flow pour le faire savoir. Des sonorités entre trap, house, techno, R&B, le tout saupoudré de grosses basses qui font secouer la tête.
Acoustic de Tiken Jah Fakoly
Rien de tel que des classiques à chanter à tue-tête les fenêtres ouvertes. À croire que Tiken Jah Fakoly avait pensé à vous en sortant une version stripped down, acoustique, de ses classiques, sans fioritures.
Kora, balafon, talking drums accompagnent guitares acoustiques et chœurs, sur lesquels viennent se poser les voix des nombreux invités, que ce soit M, Naâman, Bernard Lavilliers, Tapa, Tiggs Da Author, Horace Andy ou encore Chico César. Des compagnons de route (vous l’avez?) venus d’horizons variés tous unis derrière le message panafricain du reggaeman.
Victoire de la Musique de Cotonete
Victoire de la Musique, c’est le dernier album de Cotonete (et il porte parfaitement son nom). À la base, Cotonete, c’est un groupe de potes qui veulent ressusciter les grandes heures du jazz-funk 70’s à la Herbie Hancock. Le monde les a découverts sur la scène du Dingwalls, un célèbre club de Londres, lors du Dancefloor Jazz, une soirée mythique organisée par Gilles Peterson, la légende l’acid jazz. Une découverte qui leur a ouvert des portes, puisqu’ils ont ensuite enregistré Atemporal, un album avec Di Mélo, un grand nom de la soul brésilienne, et se sont même retrouvé samplés sur « Red Button » de Drake ! Cotonete est donc revenu, après cette folle aventure, avec un nouvel ingrédient dans leur cocktail jazz-funk : des voix. Le chanteur Leron Thomas, la brésilienne Sabrina Malheiros ou encore la voix grave et reconnaissable d’Omar ! On vous laisse écouter (tout!).
Fearless Movement de Kamasi Washington
Avec Fearless Movement, le compositeur, saxophoniste et chef d’orchestre Kamasi Washington troque son habituelle exploration du jazz en trois heures contre 82 minutes de musique expressive et propice à la danse (même sur siège de voiture/train/vélo/moyen de locomotion quelconque).
Il reprend les premiers essais de sa fille au piano pour concocter la mélodie du titre jazz-funk « Asha The First », avant de convier Thundercat à la basse et le groupe hip-hop Coast Contra. À partir de maintenant, il fait entrer les rappeurs dans son monde, et un en particulier : la moitié d’Outkast et néo-flûtiste André 3000 s’invite sur « Dream State ». Autre fusion jazz hip-hop dont on est en adoration : le morceau « Get Lit » qui réunit le pape de P-funk, George Clinton, et le rappeur D Smoke. À écouter sans modération aucune.
Dany Dan, Pièces Montées (DEMAIN)
Alliance de deux gros talents pour cet album. D’un côté du ring Dany Dan, ancien des Sages Poètes de la Rue, groupe iconique du rap français des années 90. De l’autre, Kyo Itachi, célèbre producteur/beatmaker originaire du Blanc-Mesnil, connu pour son style jazzy unique, ayant collaboré avec des grands noms du rap US et Français, tels Alpha Wann, Nekfeu, Conway The Machine, Roc Marciano, … Un duo qui ne peut que réussir. Et en effet, Pièces Montées est une réussite. Un son old school et classique, un flow qui reste actuel, les deux légendes n’ont décidément plus besoin de faire leurs preuves.
Only God Was Above Us de Vampire Weekend
Quatre icônes « preppy », propres sur elles, sorties des universités de l’Ivy League, Vampire Weekend est bien loin de l’esthétique destroy des Strokes. Pourtant, Ezra Koenig, Chris Tomson, Chris Baio et Rostam Batlanglij appartiennent bien à la scène rock indé new-yorkaise. À leur manière. En 2009, on découvre (et on survalide) le titre « Cape Cod Kwassa Kwassa », un tube qui associe élites new-yorkaises et rythmes dansants inspirés du Congo. Depuis, on peut dire que ça fonctionne bien pour les new-yorkais : ils empochent deux GRAMMYs ces dix dernières années, leur album de 2019, Father of the Bride, compris. Le petit nouveau s’appelle Only God Was Above Us et est sorti début avril. « Classical » un des singles de l’album est pour nous un de leurs meilleurs morceaux sorti depuis plus d’une décennie. Le clip est rétro, en mode VHS sur fond vert, et, à l’inverse du nom du morceau, complètement chaotique dans ses influences. Contrebasse, slide guitar en mode far west, solo de saxo et free jazz s’accumulent. Pas le temps de s’ennuyer sur la East Coast (ou n’importe quelle Coast que vous auriez choisie), et certainement pas en écoutant ce Only God Was Above Us.
Bon week-end !