Le freestyle revient en grande pompe.
Alohanews, média belge spécialisé sur le rap, vient de sortir un documentaire sur un véritable phénomène dans le monde du rap et d’Instagram : 1minute2rap.
Comme l’indique son nom, cette page propose chaque mois un concours de freestyle en une minute. Pour rappel, un freestyle en rap, c’est le fait de rapper sur n’importe quelle instrumentale. D’abord en improvisation, à l’image de Zoxea et Busta Flex qui excellaient dans cet exercice.
Puis, petit à petit, avec l’évolution des textes vers des structures de rimes de plus en plus complexes, l’importance de la punchline etc., le freestyle est devenu le fait de poser un couplet, déjà écrit, sur n’importe quelle instrumentale. Afin de prouver sa capacité à s’adapter sur n’importe quel tempo.
À l’époque où les home-studios étaient peu développés, le freestyle était nécessaire pour révéler et asseoir la réputation d’un rappeur. Il s’agissait d’un exercice incontournable. Si cette discipline n’a jamais vraiment disparue, notamment avec des émissions telles que Grünt ou Rentre Dans le Cercle qui perpétuent la tradition, elle n’est plus une condition sine qua non pour faire ses preuves.
La démocratisation des home studios permet désormais à chacun de produire des morceaux de qualité. Avant, à cause de séances en studio professionnel trop onéreuses, le freestyle était souvent la meilleure option pour se faire connaître. Ensuite, l’accent mis sur la musicalité, plus que sur la technique rapologique, a poussé les artistes à privilégier le studio et délaisser le freestyle. Sans oublier que la domination des images, via les réseaux sociaux, fait que les rappeurs se révèlent davantage par leur identité visuelle et leur personnalité.
Et pourtant, ce qui est intéressant avec ces pages telles que 1minute2rap, lerapfrançais ou encore rappour100e, c’est qu’elles remettent le freestyle au goût du jour sur le même type de média qui a participé à sa chute. Ici, on revient aux fondements du freestyle : une instru et une voix. Pas d’enregistrement studio ni de montage comme dans les freestyles Booska-P par exemple. C’est un retour à quelque chose de brut et d’instantané.
Véritable Star Academy du rap, avec parfois des cadeaux à la clé pour les finalistes (de l’argent, un clip, un featuring, un passage dans Planète rap…), la page est devenue virale : en deux ans, 1minute2rap a presque atteint les 500 000 abonnés. Chaque mois, un artiste très connu devient jury, et les maisons de disques l’utilisent pour repérer les nouveaux talents. Et les signer, à l’image de Joy Sad qui a signé sur le label Because Music après avoir remporté plusieurs finales.
S’il s’agit d’une bonne carte de visite pour attirer l’attention, le véritable challenge consiste ensuite à faire venir ses abonnés Instagram sur les plateformes de streaming comme YouTube ou Deezer. Et clairement, pour l’instant, les grands gagnants dans l’histoire, ce sont les artistes et maisons de disques. Car les administrateurs de ces pages Instagram, mis à part en proposant des espaces publicité dans leurs stories, n’ont pas de retombées lorsqu’un artiste, qui s’est fait connaître sur leur page, signe en label.
Visuel © Joys Sad