La très grande saga de Radio Nova racontée par celles et ceux qui l’ont vécue et ambiancée à l’antenne ou dans la savane.
« Putain, c’est quoi ça ? » En 2012, un obscur calendrier maya, contesté par les meilleur.e.s anthropologues, situe la fin du monde au 21 décembre. Clôture cataclysmique d’un cycle de plus de cinq mille ans pour l’humanité. Tsunamis et séismes sont redoutés, entraînant insurrections, famines et krachs boursiers. Les « survivalistes » élaborent des scénarios d’effondrement de la société et se replient dans des bunkers souterrains, avec armes et provisions, transforment des fermes en camps retranchés, s’enfoncent dans les forêts de Sibérie ou dans la jungle – pour apprendre à vivre avec la même intensité que celle qui habita, une nuit sur Nova, le performer-écrivain-musicien Jean-Louis Costes, auteur d’opéras dits « pornos-sociaux », lors d’une lecture de Kerouac enregistrée dans sa maison de Mayenne. « On ne savait plus où était la route », cette année-là. À Toulouse et Montauban, les attentats menés par Mohammed Merah contre une école juive et des militaires font sept morts. Poutine est réélu et le Costa Concordia coule un vendredi 13 au large de la Toscane. Fallait-il quitter la Terre, se téléporter vers d’autres univers, sur Mars comme le robot Curiosity, au son de la boucle disco Beam me up de Midnight Magic, en rotation lourde à l’antenne ? Plusieurs figures aguerries des étoiles s’éteignent comme des supernovas : Neil Armstrong, Moebius, Ray Bradbury ou la star Donna Summer, tandis que l’astronaute japonais Akihiko Hoshide se prend en photo depuis l’espace et offre un écho inouï à l’usage du mot selfie.
Dans notre galaxie radiophonique, le joyeux tandem de matinaliers, Armel Hemme et Thierry Paret, renforcés par la présence d’une jeune journaliste, Marie Misset (devenue vite indispensable notamment pour sa capacité à écrire des vers sur tout et n’importe quoi), se disloque. Thierry reste aux commandes de l’astronef matinal et fonde en septembre, avec Linda Lorin, La Nouvelle Internationale, focalisée sur des actualités du monde entier, qui s’enthousiasme pour la résurrection médiatique de Sixto Rodriguez via le documentaire Sugar Man, reçoit Gaël Faye ou Thomas Pesquet (qui s’entraîne encore un chouïa avant de passer près de 400 journées extra-terrestres). Pendant ce temps, Armel & Marie nous offrent chaque fin d’après-midi 2H15 avant la fin du monde, une quotidienne d’info-tainement avec interviews, lives et sketchs – dont Tournez planète co-écrit avec Giulio Callegari, anti-guide touristique qui alimente avec fougue les clichés sur les pays visités. Exemple 1 : « Comment savoir si vous êtes dans un quartier chaud au Pérou ? Sortez votre bras par la fenêtre. Si vous n’avez plus de montre, c’est normal. Si vous n’avez plus de bras, c’est un quartier chaud. » Exemple 2 : « Le nom du pays Madagascar vient du dessin animé Madagascar. Les autorités ont longtemps hésité avec Moi, moche et méchant, mais les Malgaches ne sont pas méchants. » Exemple 3 : « Quand vous chassez en Norvège, criez « Je ne suis pas un élan » pour éviter qu’on ne vous tire dessus, la visibilité est réduite. Si vous entendez « Je suis un élan », ne tirez pas non plus, c’est un élan qui parle et c’est rarissime. Vous allez devenir riche. »
Au même moment, le Prix de la Page 111, notre Goncourt à nous, un prix littéraire très sérieusement absurde qui récompense la meilleure page 111 de la rentrée francophone, se bricole autour d’un jury d’écrivain·e·s gentiment farfelu·e·s. La plume taquine aussi méchamment les rappeurs rameutés en loucedé par Jean Morel dans nos stud3ios pour les freestyles filmés du crew Grünt avec Lomepal, ou encore Nekfeu, Alpha Wann, Doums (bref, L’Entourage). David Blot ouvre de son côté les portes de son salon musical, le Nova Club, toujours en exercice. Mais l’événement qui mobilise autant de clics et de commentaires que la K-pop style Gangnam Style, c’est la candidature de Nova aux élections présidentielles, portée par la voix de Mathilde Serrell, prétexte à un « boulevard de l’utopie ». Slogan-clé : Travailler moins pour penser plus. Repos, citoyen·ne·s !
Réalisation, mixage : Mathieu Boudon.