La très grande saga de Radio Nova racontée par celles et ceux qui l’ont vécue et ambiancée à l’antenne ou dans la savane.
Random Access Memories. Comme nous le souffle le titre du quatrième album de Daft Punk sorti en très grandes pompes cette année-là, plongeons au hasard de nos souvenirs balèzes de 2013. OK : Keziah Jones pète une corde en donnant une leçon de blufunk à Isadora Dartial dans les coulisses des Nova Sessions, concerts privés filmés sous la verrière du 127 avenue Ledru-Rollin et diffusés sur la plateforme Culturebox de France Télévisions. Méconnaissables sans leurs casques argentés de robots, Thomas Bangalter et Guy-Manuel de Homem-Christo causent de leur goût pour l’anonymat au micro de David Blot… dans l’indifférence générale du peuple de nos studios. Get lucky, les Terrien·ne·s : alors que Sandra Bullock se tire in extremis de ses pépins orbitaux dans Gravity d’Alfonso Cuaron, un astéroïde de quarante kilomètres de diamètre frôle de peu la planète, quelques heures après la chute d’une super-météorite au sud de l’Oural, qui blesse quand même des milliers de Russes. La voix de Get lucky, Pharrell Williams, tourne à Los Angeles un clip vidéo d’une durée totale de vingt-quatre heures, dont la version abrégée rend instantanément happy. Dans la foulée, puisque « dormir, c’est mourir un peu », et surtout parce que la nuit Paris se meurt de trop d’embourgeoisement et de plaintes gna-gna-gna contre les nuisances sonores, Nova improvise une fête clandé itinérante d’arrondissement en arrondissement, au volant d’une camionnette équipée d’un sound-system, en gigotant sur un remix de Janet Jackson par Kaytranada ou sur La Femme qui recherche des sensations, heureux comme au début de La Grande Belleza de Paolo Sorrentino ; un moment formidable, dirait Stromae, que nous raconte ici Nadine Gravelle, chancelière de la teuf et bien-aimée directrice des partenariats durant vingt-cinq ans.
Pendant ce temps, le quotidien britannique The Guardian publie en ligne un document secret, premier d’une série d’archives chapardées à la NSA par un ancien agent de la CIA, l’informaticien américain Edward Snowden, 29 ans. Les révélations du lanceur d’alerte sensibilisent l’opinion sur l’espionnage pratiqué par les agences de renseignements des États-Unis et du Royaume-Uni – et plus généralement sur notre droit à la vie privée, la prédation exercée au quotidien par les squales de la Silicon Valley : Google, Apple, Facebook ou Amazon. Un capitalisme pernicieux, carnassier, ardemment combattu par Angela Davis, black panther et figure du mouvement américain des droits civiques, dont la venue en matinale provoque une grande émotion chez Thierry Paret. Parallèlement, partout en France, les réacs de la « manif’ pour tous » s’opposent en rose à la loi portée par Christiane Taubira, ministre de la Justice, qui autorise le mariage des couples homosexuels. Signe des temps qui se détendent : la Palme d’Or revient aux amoureuses aux joues rouges et cheveux bleus de La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche.
La même année, 366 migrant·e·s érythréen·ne·s et somalien·ne·s font naufrage au large de Lampedusa. Obama est réélu, tandis que Nelson Mandela croise Daniel Darc et Patrice Chéreau dans le taxi gris qui mène au paradis, auxquels on dit : au revoir là-haut. Bonjour à la légende de l’éthio-jazz, Mulatu Astatke, 70 ans, qui surgit à l’accueil, tandis que le pianiste Christophe Chassol harmonise tous les sons des images rapportées de son voyage en Inde pour l’album Indiamore. Bonjour aussi à une nouvelle recrue incroyable, Sophie Marchand, étudiante en philo qui sera nommée co-rédactrice en chef de Novaplanet.com, et qui s’est tout de suite sentie, au sein de nos bureaux, « ni dans un temple ni dans une bibliothèque ni dans une boîte de nuit ; peut-être un mélange des trois ». Lose yourself to dance!
Réalisation, mixage : Malo Williams.