Des planètes à crêtes et leurs comètes bien alignées pour cette 41e édition, malgré un mouvement de grève national à l’horizon proche.
Rennes en hiver, c’est gris, froid ou humide, sauf durant le premier week-end de décembre qui accueille rituellement Les Rencontres Transmusicales de Rennes. Il y fait aussi gris, froid ou humide que les autres week-ends, mais on s’en fout car le plaisir de découvrir année après année la toute dernière récolte de découvertes musicales nous fait bouillir le neurone. Petite virée au fil de certains des concerts – day by day — de cette 41e édition pour laquelle toutes les planètes étaient alignées.
L’annonce de la grève générale du jeudi 5 décembre et sa reconduction probable a poussé quelques irréductibles à venir dès plutôt que prévu, tout en décourageant d’autres. Au final, il manquera juste 2000 personnes pour rivaliser avec la 40e édition. Ce n’est pas la première grève générale à laquelle est confronté le festival. Juppé ou plutôt les grèves qu’il a enclenchées/déclenchées sont déjà passées par là. Pas de panique, les Bretons gèrent, comptabilisant juste une défection, celle du ricain Marc Rebillet attendu dans le hall 9 et sur la timeline de cette 41e édition. Ce fou d’electro-funk sera remplacé – même lieu, même heure – au pied levé par un duo breton inopiné et inédit, composé de DJ Netik et du beatboxer Saro.
Mercredi donc, c’est à l’Ubu que ça joue avec trois concerts (Les Grys-Grys, U-Zhaan & Roy, Bantou Mentale) reliés par les DJ-set de Ptit Fat, et au Théâtre National de Bretagne avec le retour d’Etienne Daho, deux soirs durant, histoire de célébrer 40 ans de carrière. À l’issue des deux concerts – complet de longue date – il se disait qu’il valait mieux avoir assisté au second, le public du premier soir s’étant plaint entre les chansons, de ne pas entendre le filet de voix du chanteur né à Oran et « Tombé pour la France ».
À l’Ubu, les rappers japonais Roy au mic et U-Zhaan aux tablas proposaient eux un autre regard sur le hip-hop, et surtout d’autres sonorités. Le flow du MC, dans une langue peu habituelle aux fans de hip-hop, les allitérations et autres tripatouillages textuels ou lexicaux qu’elle offre, ainsi que les constructions musicales de son collègue jouées en partie live sur les percus indiennes tuent, de bas en haut, façon samouraï. Respect et Sayônara ! Du fait d’un DJ-set aux platines du Mange-Disques, un bar du centre-ville rennais à l’invitation de Repi Del Mundo (DJ vu et entendu lors de 39e et 40e Trans) et de ses amis (DJ Fuzz, La Denrée, Jankev, Fenugrac Beat, Djamel, DJ Loom), et par manque de retour significatif à même d’être, entre guillemets, colporté, c’est blackout sur le reste de la soirée.
Donc, petite mise en jambes réussie, avant de basculer demain, jour de grève national, dans le grand bain et de crawler plus vite que Manaudou de hall en hall au Parc Expo, après quelques brasses d’échauffement dans le centre-ville rennais entre Les Champs Libres, l’Ubu et l’Etage.