Et autant dire qu’ils n’ont pas de mal à faire mieux que David Guetta….
En attendant qu’elles rouvrent enfin et que nos canines cessent de rayer le plancher, nous continuons notre tour des salles de concerts qui vont bien, aux 217 coins de l’Hexagone… Aujourd’hui, filons dans le 49, en sifflotant gaiement chabadabadabada…..
Le Chabada a ouvert ses portes à Angers en septembre 1994, après quelques années de militantisme de l’ADRAMA, une association d’artistes et d’acteurs locaux, qui gère depuis la salle en délégation de service public pour la Ville d’Angers.
Aujourd’hui, le Chabada se veut un lieu de vie culturelle ouvert à tou·tes, tourné vers la coopération et l’expérimentation.
Nos quatre grandes missions se nourrissent entre elles :
- La diffusion (la programmation de concerts dans ou hors les murs.
- L’accompagnement des pratiques musicales, du musicien·nes « loisir » aux professionnel·les (on accompagne notamment beaucoup notre Équipe Espoir pour les aider à voler de leurs propres ailes au plus vite)
- L’action culturelle auprès de publics parfois éloignés de la musique (scolaires, centre de détention, etc.)
- Le soutien à l’écosystème musical local (les « Chablabla« , nos portraits vidéos d’acteurs locaux, en sont un petit exemple).
- Le Chabada est également co-organisateur avec Radical Productions du festival de musiques psychédéliques « Levitation-France« , qui a lieu à Angers depuis 2013, et aussi co-organisateur avec le festival Premiers Plans d’Angers du concours régional « Clips d’Ici » depuis 2016.
- Et sans doute encore pas mal d’autres trucs qu’on oublie, mais promis on essayera de faire mieux pour la prochaine interview !
On se refuse à avoir une couleur musicale attitrée. Notre but est que tou·tes les Angevin·es se retrouvent à un moment donné dans la programmation du Chabada.
Pour aller vite, ladite programmation se découpe en trois grandes catégories qui se partagent de manière égale nos 80/90 dates par an, en période normale :
Les têtes d’affiche (qui jouent plutôt dans la grande salle de 870 places)
Les découvertes (qui jouent plutôt dans le club de 300 places)
La scène locale (qui peut jouer dans l’une ou l’autre suivant la renommée du groupe).
C’est un des points forts du Chabada qui a toujours pu s’appuyer et accompagner une scène locale très vivace depuis Les Thugs ou La Ruda dans les années 90 jusqu’à Zenzile, Lo’Jo, Thylacine, Arno Gonzalez, Stav ou Nerlov aujourd’hui, comme le prouve par exemple notre soirée « Sors Tes Covers » (la grosse teuf d’avant Noël, dédiée à la scène locale autour d’un thème spécifique de reprises et qui est souvent sold-out des mois en avance! Seule la Nuit Zébrée peut se vanter d’être plus rapide! ;-).
La salle est également bien sûr ouverte aux producteurs privés locaux et aux associations qu’on accompagne alors dans leur projet.
Le but étant toujours que les gens ne viennent pas juste « consommer du concert », mais qu’ils viennent passer une bonne soirée avec nous. Ça va donc des bières artisanales à la carte du bar jusqu’au dancefloor d’après-soirée (bon, faut dire que ça aide d’avoir quatre ou cinq pousse-disques tout-terrain dans l’équipe!).
Si on parle du monde d’avant, où il était de bon ton de mélanger ses fluides, on voudrait pouvoir vite revivre plein d’autres concerts comme celui de Grise Cornac en février 2020, juste avant le confinement. Le duo fêtait la sortie de son deuxième album à la maison et a littéralement retourné la grande salle. C’était fou! Sinon, on garde un très bon souvenir de la venue de French Cowboy en septembre dernier, lorsqu’on a enfin pu reprendre (momentanément) les concerts. Même assis et masqués, leur rockabilly électronique donnait envie de remuer des guiboles, et ça faisait trop de bien de réentendre des guitares saturées!
Désormais, on a dû s’adapter et on propose un concert en live-stream chaque samedi soir en attendant de retrouver les gens en vrai. C’est dans ce cadre par exemple qu’on a accueilli nos vieux amis de Lo’Jo le 12 décembre dernier dont le concert a été retransmis en direct sur France 3. C’était émouvant de les voir jouer devant une salle vide et de sentir la magie opérer quand même.
La crise pandémique a des conséquences importantes sur notre activité. La fermeture de salles interdit notre activité de diffusion et l’accueil des groupes amateurs, et nous ne savons pas encore quand nous pourrons les rouvrir. Les changements réguliers de cadres d’ouverture ont perturbé la programmation 2020 et vont encore perturber la programmation 2021. Difficile de se projeter, à ce jour, sur une reprise à la normale de notre activité de diffusion.
Malgré tout, et depuis le début de la crise, nous avons décidé en équipe de continuer à proposer du contenu et de venir en soutien à la scène locale et aux acteurs de la filière. Hors de question pour nous d’attendre sans rien proposer. Nous considérons que, dans cette période plus que trouble, notre rôle structurant est encore plus important, tout comme celui de continuer à garder le lien et faire résonner les musiques actuelles à Angers. La distanciation physique ne signifie pas distanciation sociale, à nous de nourrir le lien et de créer d’autres modes d’expériences musicales.
Aussi, au gré des nouvelles contraintes imposées, nous continuons à nous adapter :
nous ne pouvons plus accueillir en debout ? Nous faisons de l’assis. Nos lieux sont fermés au public ? Nous proposons des live streaming sur nos réseaux sociaux. Nous ne savons pas si au printemps nous pourrons ouvrir nos portes ? Nous réfléchissons à une programmation extérieure, dans les jardins de la ville et dans la rue, au plus près des habitants. Nous considérons que notre mission de service public est là, que la musique ne doit pas s’arrêter, que les gens ont besoin de cette petite bulle musicale que nous pouvons proposer dans un contexte plus que lourd, que la culture est belle et bien essentielle et qu’elle doit continuer à résonner coûte que coûte. Une forme de doigt d’honneur à la morosité ambiante et à la pandémie.
De la même manière, la création musicale est importante. Depuis le début de la crise et en 2021, nos plateaux et studios sont ouverts aux résidences des groupes. Continuer à soutenir la création est essentiel. Depuis novembre, les groupes s’enchaînent dans les espaces de création/répétition où c’est encore permis. Pour tout le monde, cela constitue des bouffées d’air nécessaires pour tenir et une manière de préparer la suite, ne pas arrêter de rêver et créer la musique, ne pas arrêter de respirer finalement.
Nous tiendrons donc ces deux lignes d’action tant que nos lieux seront fermés. Nous utiliserons les espaces publics comme plateau ce printemps, à défaut de nos scènes. Nous serons là, et visibles, un point c’est tout.
Alors évidemment l’envie pour 2021, ça commence par la reprise des concerts debout.
C’est notre ADN, c’est ce que nous souhaitons le plus. Nous voulons accueillir les gens, les voir danser, bouger, se toucher, provoquer ces rencontres incroyables entre des artistes et des spectateur·rices. Cette crise met à mal notre contact à l’autre, elle nous invite à craindre la rencontre. Nos lieux sont avant tout des lieux de lien social, de convivialité, nous voulons lui redonner corps et vie. Il va falloir aussi exorciser les stigmates de ces longs mois d’éloignement, dépasser la séparation qui s’est installée entre nous. La réouverture de nos salles sera une grande fête ou ne sera pas. La danse, le concert, ce moment de communion et d’expérience collective que sont les concerts, c’est aujourd’hui notre plus grande envie.
Nous espérons aussi évidemment que nous pourrons tenir le festival Levitation-France cette année. Nous y croyons et travaillons dessus. Évidemment il est encore prématuré pour dire que c’est un pari gagné d’avance, mais nous voulons croire en la possibilité de faire vivre à plus de 1000 personnes en même temps cette expérience musicale là.
Quant à notre utopie, je crois qu’elle réside en deux choses :
Tout d’abord, l’espoir qu’enfin la culture ne soit plus considérée comme un bien secondaire, « non essentielle », par nos responsables politiques, et que cette revendication soit autant portée par le secteur culturel que les citoyen.nes. Le contexte montre bien combien il est difficile de vivre sans culture et sorties culturelles, de rencontres humaines et artistiques. Quelle saveur reste-t-il à nos existences si nous ne pouvons pas partager ces moments-là ? L’art, la création et la musique ont été des éléments constitutifs de l’essence humaine, une forme d’expression libératrice pour faire face aux soubresauts de l’existence. Comment nier cette évidence ? Nos lieux ne sont pas dangereux, ils sont nécessaires comme espace de catharsis social et d’humanité joyeuse. Nous rêvons de retrouver les yeux émerveillés des spectateur·rices,nous rêvons collectivement de provoquer de nouveau les sourires doux et libérés que provoque dans le public un moment de musique partagé en vrai.
L’autre utopie réside dans l’évolution du secteur. La crise nous a fait prendre conscience collectivement, une, de notre interdépendance, et deux, de la fragilité de notre secteur. Des coopérations sont aussi nées de ça, des nouvelles pratiques aussi. Il est évident, pour autant, qu’aujourd’hui la diversité artistique est en péril. Misons sur l’intelligence collective des acteurs et notre capacité à reposer des règles plus équitables, à tous les niveaux de la chaîne de valeur de notre filière.
Peut-être que des nouvelles formes de coopération sortiront de cette crise, permettant de rabattre les cartes sur certaines inégalités criantes ?
Et sans transition, pendant que vous méditez à ces nouvelles pistes qui donneraient envie de vivre pour de vrai dans le monde d’après, l’équipe du Chabada vous a réservé une petite surprise pleine d’amour… À découvrir, en filant sur la page Facebook du Nova Aime. Et en revenant jouer juste ICI