La colombienne Olga de Amaral, pionnière dans le fiber art, investie jusqu’au 16 mars prochain la Fondation Cartier. Recherche et expérimentation textile au programme d’une grande rétrospective cousue main.
Il ne faut pas longtemps pour apercevoir les œuvres majestueuses d’Olga de Amaral. Quelques pas suffisent dans la Fondation Cartier pour l’art contemporain pour se retrouver nez à nez avec les immenses pièces de tissu, flottantes au-dessus de rochers, le tout bercé dans la lumière du soleil. Ces grandes œuvres textiles sont faites de lin, de coton et de feuille d’or. Elles s’affranchissent des murs et de l’image de la tapisserie pour modeler l’espace et faire architecture.
Suspendues de façon à pouvoir les observer sous différents angles, elles sont colorées, imposantes, et laissent notre imaginaire se balader de paysages en paysages. Rapidement, on s’éloigne du 14ᵉ arrondissement, et on s’aventure dans les régions rocailleuses de Medellín, en Colombie.
Le père d’Olga de Amaral était un éleveur de bétail, une occupation courante dans les régions rurales colombiennes. Habituel pour Olga donc de croiser des chevaux à toute heure. De ces étalons, elle garde le souvenir de leurs crinières, ce qui explique la présence de crin dans une grande partie de ses œuvres. Une fibre rigide et naturelle qui lui permet de tisser des pièces plus monumentales.
Architecture textile et spirituel
Avec ses œuvres créés dans un atelier à Bogotá, sobrement nommé “Casa Amaral”, Olga veut s’éloigner de l’aspect décoratif trop souvent attribué aux œuvres textiles. Son ambition, réaliser des œuvres architecturales sans pour autant mettre de côté la tradition du métier à tisser. L’idée est d’utiliser le médium textile pour créer des colonnes, contreforts et cimaises, le tout en rendant hommage au territoire colombien.
En déambulant au travers les œuvres de l’artiste colombienne, on devine aussi sa relation forte avec le spirituel. Au-delà de ses croyances, les installations suspendues – touchant presque au mystique – représentent des maillons entre la terre (la chair) et le ciel (l’esprit). Une spiritualité particulièrement présente dans la dernière salle de l’exposition, autour de l’œuvre “Estellas”. Des pierres stellaires précolombiennes en coton rigide, recouvertes de feuilles d’or, qui n’ont rien à envier aux menhirs de Carnac ou Stonehenge.
Pour découvrir toute cette rétrospective, la Fondation Cartier garde ses portes ouvertes jusqu’au 16 mars 2025. Une dernière exposition en ces lieux avant que la fondation ne prenne ses quartiers dans un tout nouvel espace place du Palais Royal. Pensé par l’architecte Jean Nouvel, c’est 6500 m² d’espace qui vont désormais accueillir les prochaines expositions de la Fondation Cartier. Rendez-vous en 2025 donc dans cet édifice haussmannien au 2 place du Palais-Royal à Paris.
Et si vous en avez marre du spleen hivernal et de rester sous votre plaid avec une tisane trop infusée, on a fait une petite sélection d’expos parfaites pour l’hiver. Toutes les infos sont juste ici.