Être une femme sur les réseaux sociaux, c’est être inévitablement exposée aux pires critiques misogynes. La dernière humiliation en date, ce sont les pluies de commentaires identifiant “Abrège Frère” sous les vidéos de meufs qui racontent juste des trucs. La riposte féministe ne s’est pas fait attendre et est pleine d’ironie. Le compte Abrège Sœur arrose les arroseurs.
L’histoire commence par un compte TikTok qui cartonne. Créé fin janvier 2024 par un jeune commercial d’une trentaine d’années, baptisé Abrège Frère, ces vidéos consistent, face caméra, à résumer en quelques secondes les histoires longues qui circulent sur les réseaux sociaux. Le principe est toujours le même : Abrège Frère diffuse les premières secondes de la vidéo originale, puis synthétise son contenu en une phrase, en affichant à l’écran le “temps économisé”, comprenez la durée de la vidéo originale. Le succès est immédiat : le compte réunit plus de 1,6 million d’abonnés.
Sauf que le concept de Abrège Frère n’est pas particulièrement bienveillant, et encore moins drôle lorsqu’on s’aperçoit qu’il abrège surtout des femmes, et que des masculinistes en profitent pour harceler les créatrices de contenu visées, en identifiant en masse “Abrège Frère” sous leurs vidéos. En terminologie Internet, ça s’appelle des “raids”. Les associations féministes lèvent la voix contre le phénomène, et Abrège Frère joue l’inconscience.
Face au harcèlement, la contre-attaque féministe
Heureusement, quand les masculinistes nauséabonds partent à l’offensive, les féministes répliquent. En février 2024, le compte Réfléchis frère, créé par Sabrina – plus connue en ligne sous le nom d’Olympe rêve – reprenait les codes du concept pour les retourner contre lui. Le principe : résumer les vidéos de coachs en séduction et autres gourous 2.0, avant d’afficher le temps (et l’argent) économisé. Et puis la vidéaste s’est lassé du concept, pour se concentrer sur le développement de sa papèterie féministe… Pendant que Abrège Frère continue encore et toujours d’abréger.
Abrège Soeur : au tour des masculinistes de se faire abréger !
La relève de la contre-attaque féministe, c’est Abrège Sœur, qui renverse les codes du concept. Créé par la vidéaste Isa, ce compte TikTok résume les vidéos de masculinistes et de personnalités accusées de viols ou/et d’agressions sexuelles, comme les youtubeurs Norman ou In The Panda. “En observant Abrège Frère abréger dans l’une de ses vidéos le témoignage de Lila.bonbon, victime de viol, mais pas celui de son agresseur, je me suis dit qu’on manquait d’un compte qui abrégeait les masculinistes.” explique-t-elle.
« J’ai été déconnectée d’un coup, et on m’a signalé pour usurpation d’identité… »
La créatrice de contenu ne s’attaque donc pas à l’homme derrière Abrège Frère, mais à son concept, et, surtout, à sa communauté malveillante. Tasse à la main, elle ironise sur des dizaines de vidéos qui respirent la misogynie. Le concept marchait du tonnerre, jusqu’à ce que la semaine dernière, son compte TikTok soit banni. “J’ai été déconnectée d’un coup, et on m’a signalé pour usurpation d’identité…” raconte Isa.
C’est la quatrième fois qu’elle se fait bannir de la plateforme… Mais cette série d’attaques et d’insultes quotidiennes est loin de la faire céder. En conservant son ironie caractéristique, Isa a lancé le “hater show”, pour répondre aux commentaires négatifs, en live. Tout en invitant ses fans à balancer aux mascus, dans n’importe quelle circonstance, de “retourner au garage”… Et porter un miroir à ces hommes qui veulent envoyer les femmes à la cuisine.