Le chanteur et plasticien punk se raconte dans un abécédaire
ALAN BORUCH BERMOVITZ, alias Alan Vega, est l’un des deux pères de Suicide, groupe culte pré-electro né en 1973. Dans le dernier livre d’Alexandre Breton, Alan Vega. Conversation avec un indien (éd. Le Texte vivant), il a accepté de répondre à une interview en forme d’abécédaire. De A à Z, il égraine les grands moments et symboles de son parcours : A comme Artaud, B comme Brooklyn, E comme Elvis, P comme Punk… etc.
Ce livre-vidéo, qui contient quelques photos et même un bout de film, permet à Alan Vega de se livrer un peu plus et de raconter ses déclics, ses échecs et sa popularité tardive…
Car Suicide, dont il était le chanteur emblématique avec Martin Rev (claviers), allait révolutionner le rock, en le rendant répétitif, lancinant, vaudou, comme une messe noire aux accords de jungle urbaine, avec synthés et boites à rythmes, le tout ponctué de cris et de soupirs presleyens.
Les performances sauvages de Vega et Rev faisaient fuir le public du début des seventies, qui passait alors du mouvement hippie au Glam Rock, et ne comprenait pas la noirceur agressive et fantomatique de Vega, pas plus que les ronflements et les stridences syncopés du synthé de Rev.
Ce fut le Punk de 1976-77 qui éclaira Suicide et commença à lancer la légende de notre Alan Vega, star underground, personnage mythique du New York Cold wave, No wave, post Punk puis un des pères du Rock électro aux relents industriels et Arty. Vega fut donc invité dans les festivals du monde entier, seul avec ses bandes-son et boites à rythmes, à balancer un rock minimaliste.
Depuis peu on découvre son œuvre plastique : des sculptures cybernétiques, de petits autels avec photos de magazines, des fils électriques et des ampoules colorées, qui font penser à des ex-votos latinos, éclairés en rouge ou bleu, des croix religieusement torsadées de fils, d’images, de bouts de circuits, véritables petits temples urbains, toujours auréolés des lueurs d’ampoules colorées.
ll évoque avec franchise et naïveté toute cette musique moderne et dépouillée qu’il a mis dix ans à imposer, ou ses œuvres faites de récup et d’électricité, qui ne sont appréciées que maintenant. Vega a eu une traversée du désert agitée…
Ce livre virtuel, fait de petits chapitres (Neon, Underground, Croix…), révèle les sources et les racines de l’univers Alan Vega, passionné, violent, mais spirituel, christique, planant ou vibrant… Il y raconte ses « flashs » successifs : le Jazz, l’Art, Elvis, la boxe, le Rock, puis le Punk et ainsi de suite… Autant d’étapes initiatiques pour l’aider à appréhender le monde.
Il se souvient de ses concerts comme des combats, le déluge de sons, de reverb, de larsen qui rendait le public agressif, et son incapacité à faire autrement. Même lorsqu’il essayait de faire une chanson romantique, cela tournait à l’inquiétude, au suspens et à la guerre.
Alan Vega, avant-gardiste infatigable, passant son temps à bricoler, chercher, écrire, habité par ses mythes et idoles, nous livre ici ses dernières réflexions, ses visions. C’est un peu comme un testament autour de créations qu’il souhaite nous transmettre. Une grosse malle remplie de papiers, de jouets, de projets et d’impressions uniques ou chacun trouve son écho.
Alexandre Breton, Alan Vega. Conversation avec un indien, éd. Le Texte vivant, 2013
Edition numérique enrichie 9,99 euros disponible sur letextevivant.fr
Edition brochée avec flashcodes 10 euros en librairie
+ Exposition des portraits de Vega, par Pierre René Worms à la librairie du jour Agnès b.
44 rue quincampoix Paris 4e
Jusqu’au 6 avril 2013 .