Au début des années 2000, on découvrait une nouvelle vague du cinéma roumain, qui s’est rapidement imposée via les plus gros festivals. Et avec elle le coup de cafard d’un pays qui sortait assez déboussolé de l’ère Ceausescu. Une douzaine d’années plus tard, cette production est toujours aussi sidérante, mais semblait s’encrouter dans une gueule de bois, à coups de métaphores sur un état des lieux roumain toujours convalescent.
Alice T. vient bousculer tout ça par la relation entre une mère et son adolescente de fille. Elles ne sont pas tout à fait comme toutes les autres : Alice a été adoptée par Bogdana. Un statut qui envenime le conflit perpétuel entre ces deux-là, lorsqu’Alice se retrouve enceinte. Mais sans réelle envie de renoncer à sa vie d’ado, entre sortie avec ses copines et insouciance voire irresponsabilité de son âge. A Bogdana, a qui il manque forcément certaines pièce du puzzle, puisqu’elle n’a jamais été biologiquement mère d’apprendre à Alice comment on le devient.
Radu Muntean filme ces deux-là avec une curiosité égale, mettant sa caméra autant à la place de cette mère par procuration que de cette fille qui ne veut pas d’une maturité qui s’impose à elle. Leur confrontation est souvent explosive, d’autant plus quand aucune des deux ne veut prendre pied avec des réalités de la vie, et s’enferment dans leurs dénis respectifs.
Muntean lui s’extirpe du ton comateux et dépressif du cinéma roumain récent, à coups d’ellipses ou d’une énergie – ne serait-ce que par les échanges souvent éruptifs entre Alice et Bogdana- inattendues dans ce contexte. Il n’a conservé de cette nouvelle vague que son écume et un ton franc pour filmer deux générations de femmes qui ne sont pas éloignées quand elles sont dans une même quête d’émancipation et d’amour, quitte à tester toutes les limites possibles pour y arriver. Le scénario est assez malin pour faire à un moment douter de la grossesse d’Alicia, laisser planer l’idée que ce n’est qu’un mensonge de plus pour faire enrager Bogdana. Le film lui peut s’envisager comme une certaine renaissance d’un cinéma qui commençait à se recroqueviller sur lui-même.
A.M
En salles mercredi 1er mai.
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