Quand Baba Squaaly évoque à l’antenne son meilleur ami, quand Baba Squaaly nous parle sans haine et avec amour de son téléphone.
Ton téléphone est ton meilleur ami, j’en sais quelque chose, je suis un peu pareil, kif-kif, same-same. comme toi, je m’endors avec mon téléphone en main et mime de rien, au réveil, après qu’il a glissé entre les draps ou chuté sur le parquet, je scrolles de mon pouce le vide au creux ma main dans un geste reflexe. Oui, toi et moi, on a le même geste au réveil, nous scrollons en grande largeur le vide de nos mains comme si un flot de news y défilait, comme si le fil permanent de l’AFP ou le mur de réseau social préféré s’affichait dans le vide de nos paumes.
Paumes paumes paumes paumes. J’entends résonner au loin, le 5ème de Beethoven histoire de donner un peu de cérémonial à cet instant, tel un générique d’émission d’info sur une chaîne à grande écoute. Mon téléphone, c’est ma vie. A chaque instant, et plus que mon ombre, il ne me lâche pas. Je le sors, l’allume, y prend des notes, y écris tout ou partie de ces textes que je te lis à l’antenne. Avec lui, je sais tout et en temps réels. Pas de cachoterie entre nous. Il m’informe de la fermeture du tronçon d’autoroute comme de la chute des immeubles de la rue d’Aubagne. Je me souviens que ce 5 novembre 2018, j’étais avec lui en main, en train de photographier les interstices du mur de la Plaine quand la nouvelle est tombée comme des immeubles qu’on a laissés pourrir. Presque en temps direct.
C’est de mon téléphone que j’ai immédiatement appelé un ami de la rue d’Aubagne pour savoir si tout allait bien pour lui. Tout va si vite, l’info va si vite que parfois j’organise des championnats entre médias pour savoir lequel affichera en premier sur mon écran, le résultat attendu d’un match ou la mort de tel acteur ou de tel chef d’état. Dimanche, pour sûr, mon téléphone va frôler la surchauffe. Je vais passer la journée à scruter le taux de participation, tout en cherchant une recette de gaspacho. Plus tard, je dénicherai la meilleure technique pour faire disparaitre une tâche de tomate sur un tee-shirt blanc et essaierai de trouver des raisons d’espérer dans ce beau pays qu’on appelle France. Mais j’anticipe. Aujourd’hui c’est jeudi, dernière journée de ma semaine à l’antenne… et oui l’heure du week-end a sonné pour moi, un week-end que je vous souhaite exceptionnel, d’autant que c’est mon dernier week-end avant les vacances.