Ce sont des morts qui refusent le carcan funéraire qu’on leur a imposé. On les dit intranquilles. Ils se nomment Zombis et Dibbouks et tous les deux ont une histoire fascinante, beaucoup plus philosophique qu’il n’y parait.
Alerte morts-vivants. Les dibbouks et zombis envahissent les murs du Quai Branly et du Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme. Les premiers, vous les connaissez bien, à priori. Ils sont morts, mais vivants, gargouillants, et on ne sait toujours pas pourquoi ils avancent à deux à l’heure, même si ça nous arrange bien. Enfin, vous pensiez bien les connaitre, mais vous avez en tête la version hollywoodienne. Les zombis sont en fait originaires d’Haïti. C’est seulement lors de l’occupation américaine de l’île dans les années 20 que cette créature commence à migrer dans l’imaginaire du grand cinéma américain.
Zombification : la punition pour les criminels en Haïti
Le parcours du Quai Branly explore le monde de cette entité aux frontières de la mort. On y apprend que la zombification était originellement une punition pour les criminels, au sein d’une justice en marge de la religion. Des sorciers vaudous empoisonnaient ces derniers avec des produits qui simuleraient la mort et les maintiendraient dans un état second. Les criminels étaient ensuite enterrés, déterrés et vendus en esclavage. L’expression est entrée dans le langage courant : ils deviennent des zombis. On apprend au Quai Branly qu’il existerait plus de 30 formules différentes du « poison zombi« . Le musée a reconstitué des rites, des cimetières et des temples vaudous pour raconter ce mythe de corps sans âme, entre vie et mort.
Le dibbouk : l’âme sans corps
Voici maintenant une âme sans corps : le dibbouk. Elle est la créature yiddish qu’explore le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme. C’est une légende juive, celle de l’âme d’un mort revenu habiter le corps de sa bien-aimée. Un genre de Roméo et Juliette, mais avec une fin différente et une séance d’exorcisme qui propulserait Juliette dans l’entre deux mondes, pour rejoindre celui qu’elle aime… Le dibbouk est un classique de la littérature yiddish, et a traversé le monde avec une multitude d’interprétations artistiques. Il est le refoulé, ou bien le fantôme d’un pays sans juifs, hanté par son passé… Ces oeuvres à travers le temps sont à découvrir au mahJ.
Si vous voulez franchir la frontière de l’au-delà et faire la rencontre de ces curieux zombis et dibbouks, ça se passe au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme jusqu’au 26 janvier, et au Quai Branly jusqu’au 16 février !