La chronique de Jean Rouzaud.
C’est un film sur deux rockers qui se posent des questions. Joshua Homme (Queen of the Stone Age etc.) vers 45 ans, et Iggy Pop (Stooges, etc.) qui va vers ses 70 ans…Chacun est une star, chacun a un tournant de sa vie. Sauf qu’Iggy, lui, a survécu à tous les virages, à tous les précipices, et même aux accidents.
Iguane issu de la préhistoire…
Ce drôle d’iguane, qui se disait issu de la Préhistoire, de la boue primordiale, a tout connu et devient philosophe. Il répète qu’il est n’est pas un type bien, même s’il veut bien faire.
C’est un beau film, underground, qui montre la coulisse et deux mecs qui s’interrogent. Iggy prétend qu’il veut avancer encore, évoluer. Ses fans veulent ses classiques, sur scène, sans chichi ! Il parle de survie, et se demande ce qu’il peut bien trouver ?
…et rocker sentimental et cool
Josh Homme se dit que travailler avec cette idole, Iggy, devrait donner quelque chose, et son rêve est un peu un cauchemar : peur de se planter ! Il dit que le temps file, et qu’on ne peut rien faire d’autre que d’être passager du temps. C’est un rocker sentimental et cool.
Un film sur deux rockers, mûrs ou vieux , c’est très humain : la flamme vacille, mais c’est beau de les voir ranimer le feu. Ils vont dans le désert Mojave, dans un studio perdu , dans un coin appelé Joshua Tree…(Yucca Valley, où est né Josh Homme !) Des hippies barbus, des cactus et du sable et des couchers de soleil fabuleux…
Petit à petit, le projet prend forme et un album : Post Pop Depression. Et une tournée, genre : Los Angeles, Berlin, Londres…Iggy, le Godfather du Punk se rappelle de Bowie, de Berlin, des disques faits ensemble (The idiot, Lust for life…) Sa deuxième vie, post Stooges.
Sans orchestre ni maison de disques, Iggy ouvre le film : « je n’ai que mon nom…» Aucune prétention, un éternel enfant fonceur, aucune médaille, aucune protection. Iggy fut le Nijinsky du Rock, un danseur fascinant, mais aussi un songwriter exceptionnel.(De « I wanna be your dog » à « Nightclubbing » ou « China girl »…)
Aujourd’hui, il boite et est très fragile. Il doit mener une vie calme, de force. Mais il est humain, simple, direct, et finalement très fin, malgré son rock brutal et sans fioritures. C’est un être double. Josh Homme l’aime, et lutte pour offrir un écrin aux dimensions de cette idole du Punk Rock, miraculeusement sauvée…Plusieurs musiciens indiscutables viendront se joindre à la mise au point (Dean Fertita, Matt Helders, Troy Van Leeuwen, Matt Sweeney…)
La tournée se fera, et le public sera OK. Quelques morceaux sublimes du répertoire d’Iggy ponctuent le show (« Lust for life », « The Passenger », « Nightclubbing », « Success »…) Hymnes tatoués dans la gorge d’Iggy. Et au beau milieu du Royal Albert Hall, Iggy plonge dans la foule, et finit par un « Fuck you ! » magistral, avant d’ajouter « Nothing personal…»
James Osterberg (le vrai nom d’Iggy) est une sorte de viking, perdu dans l’océan. Josh Homme a été sa boussole pour ce trip.
American Walhalla. Avec Iggy Pop et Joshua Homme. DVD couleur. VOST. 80 mn. Distribué par Eagle Vision. 9 mars 2018
Visuel : (c) extrait du film