Des albums, il en sort désormais 2520 par semaine (chiffre approximatif). Pour vous aider à faire le tri, voici la sélection hebdo de Radio Nova des albums à ne pas louper.
El Michels Affair & Black Thought, Glorious game
Il y a d’abord le producteur Leon Michels, homme à tout faire de la maison new-yorkaise Big Crown (vu avec Lee Fields, Bobby Oroza, Lady Wray ou plus récemment avec Liam Bailey) et tête pensante du projet El Michels Affair. Il y a ensuite Black Thought, emcee très “Roots” (il est l’un des leaders du groupe culte de Philadelphie depuis ses débuts) à la technique hors pair, au flow ciselé, à cette voix reconnaissable entre mille. Ensemble, le producteur et le rappeur, qui ont déjà souvent collaboré (quelques concerts caritatifs à New York et Philadelphie, notamment) font paraître ces jours-ci un disque qui navigue entre jazz hip-hop, soul et funk doux-amer porté par quelques tubes déjà entendus sur Radio Nova, comme l’inquiétant “Grateful” ou le sensuel “Glorious Game”, qui donne son nom au disque. Un jeu glorieux, on l’aura compris, qui rappelle à quel point le hip-hop, lorsqu’il est porté par de tels talents, n’est concerné ni par la vieillesse ni par la ringardise. Avec cette alliance classique du emcee et du producteur, c’est essentiellement l’idée de la maturité que l’on retiendra.
Anna Majidson, Ménagerie de Glass
“La maison est vide, la nuit est froide” (« mes affaires! »)… et la pop, famille R&B, d’Anna Majidson, elle, semble à chaque disque un peu plus sensuel, que cette chaleur passe par la moiteur d’une production UK garage (« up down » avec Rad Cartier) ou par une brise néo-soul comme peuvent en produire, de l’autre côté de la Manche, les Anglais aux idées larges et aux studios de production fait maison (« la mer »). Après Haute et comme nous l’assurions déjà au moment de la sortie de son morceau “Natasha”, Anna Majidson s’épanouit en solo. Et ce, que cette pop intimiste et souffreteuse soit fabriquée depuis le lit moite d’une rivière (son précédent EP) ou d’une Ménagerie de Glass.
Sandra Nkaké, Scars
Intime aussi la pop groovy, jazzy et soul de Sandra Nkaké, qui exprime, sur un quatrième album studio, les cicatrices laissées par les plaies qui furent ouvertes un jour et réparées un peu plus tard. La Franco-camerounaise revendique autant l’héritage de Prince, de Manu Dibango (un ami de la famille qu’elle appelle “tonton”) que celui de Nina Simone (une amie du cœur, cette fois, dont les combats et la voix l’inspirèrent très vite), et livre un disque dont on détachera deux merveilles : le très intense “La voix enraillée” et le très ému “My Heart”.
Limousine, Hula Hoop
Sortie aussi ce vendredi du nouvel album de Limousine, l’un des nombreux projets de Laurent Bardainne (Sabrina & Samantha, Laurent Bardainne & Tigre D’eau Douce ou feu Poni Hoax) où le jazz se mêle aux musique électroniques qui boucle et à la pop qui chantonne dans les différentes langues du monde. Avec Limousine figurent en effet au casting Malik Djoudi, Amber Burgoyne, Victor Solf de Her ou même le rappeur marseillais Akhneaton. Quelques douceurs brésiliennes, aussi, avec le featuring de Lucas Santtana sur le très bon “Foi Assim”.
Polycool, Lovoscope
Pop de l’absurde, aussi, avec le nouvel album de Polycool, ces Français qui revendiquent les degrés décalés et qui sortent un disque où le groupe parle d’amour avec cette désinvolture dont on s’était déjà délecté, il y a quatre ans, avec le disque Lemon Lord. Entre Parcels (la pop solaire), Metronomy (la pop funky), Samuel Beckett (l’absurde) et Mac DeMarco (le côté branleurs). On ajouterait bien aussi Kraftwerk pour le morceau “Computer Love” mais ça n’aurait pas beaucoup de sens.
Lucie Antunes, Carnaval
Terminons par un disque qui souffle le vent chaud d’un Carnaval très personnel où les percussions rencontrent les synthétiseurs, les vibraphones, les cloches tubulaires. Un album expérimental, “fruit de trois années de recherches, de pertes et de trouvailles”, dans la lignée de Sergueï, ce disque qui, miracle, parvenait déjà à trouver son public et une audience large malgré une exigence et une dose de minutie rare à ce niveau-là.