Avec sa dubstep féministe, la chanteuse très proche de Kendrick Lamar vient de sortir son premier ep.
Son titre passe en boucle sur Nova depuis quelques semaines : Precious Possession, d’Anna Wise est un titre dans le coton, langoureux, de la post-dupstep qui tangue comme sait si bien faire James Blake. Jusque là mystérieuse, la jeune femme a sorti son premier ep hier, mercredi 27 avril, The Feminine : Acte I. Le projet est passionnant : c’est quoi être une femme aujourd’hui ? se demande t-elle. Portrait d’une artiste que les Anglais qualifieraient d' »underrated », de bien trop sous-estimée.
Collaboratrice régulière de Kendrick Lamar
Pour monter cet album, elle s’est nourrie de son expérience de femme dans l’industrie de la musique. Parce qu’Anna la Sage n’est pas nouvelle dans le game. Elle dit chanter fort et en transe depuis son enfance. C’est donc tout naturellement qu’elle se retrouve dans l’une des plus grandes écoles de musique privées des États-Unis, la Berklee College of music à Boston. Un jour, c’est alors qu’elle s’époumone dans sa chambre d’étudiante que quelqu’un toque à la porte : son voisin, Dane, aimerait qu’ils fassent de la musique ensemble. Cette rencontre donnera le groupe Sonnymoon.
En 2011, un des titres, Nursery Boys, tombe dans l’oreille du génie au grand flair Kendrick Lamar. Il lui propose de venir avec lui en Californie pour travailler sur l’album Good kid m.A.A.d. City. C’est le coup de foudre artistique : en travaillant ensemble 18h par jour pendant plusieurs mois, Wise finit par arranger les harmonies de tout l’album et est invitée à chanter sur la onzième piste, “Real”. Elle participera aussi à l’album suivant To Pimp a Butterfly. Le titre These Walls, sur lequel elle chante, lui a d’ailleurs valu le Grammy pour la meilleure collaboration rap/chant en février dernier. Pour s’y retrouver, la jeune femme a crée une playlist de toutes les collaborations Kendrick / Anna.
Un album féministe
C’est pendant qu’elle bosse avec Kendrick qu’elle compose son premier ep solo. Sur la pochette, on la voit incarner le tableau Danaé de Klimt, qui dans la mythologie grecque, fût transformée en pluie d’or par Zeus pour pouvoir s’échapper de la prison dans laquelle l’avait cloitrée son père. Et cette thématique de la libération traverse tout l’album : en sept titres, elle évoque le patriarcat (« Nous avons appris que c’est ce que vous vouliez, On ne peut effacer ce que vous nous avez appris » chante Anna dans l’ironique Precious Possession), la récurrence du mot « slut » peu importe ce que la femme ait fait (le titre hip hop impertinent BitchSlut), ainsi que les trois stades de la vie d’une femme (l’électro énervé de Girl, Mother, Crone).
Elle refuse les étiquettes, comme tout bon artiste de notre époque qui se respecte : « je ne réfléchis pas en terme de genre – pour moi l’art c’est de l’art, et je veux travailler avec les meilleurs » disait-elle à Billboard. On peut quand même dire qu’elle nous rappelle le groupe Sylvan Esso, mais également la chanteuse Lorde et la britannique Rosie Lowe. Si elle refuse les carcans, elle exige en revanche une seule chose de vous : que vous écoutiez sa musique avec des écouteurs.
The Feminine : Acte I d’Anna Wise est disponible sur Spotify et iTunes.
Vous pouvez retrouver Anna Wise sur Facebook, Twitter, Tumblr et Soundcloud.