Cette semaine, La Potion traverse l’Atlantique pour mettre le cap sur la Caraïbe.
Au programme, deux artistes totalement imprégné.e.s par la magie et les traditions spirituelles de l’archipel : le poète et musicien Anthony Joseph, né à Trinidad et désormais basé Londres, ainsi que la flûtiste guadeloupéenne Célia Wa en deuxième partie d’émission pour un live tout à fait astral.
“La poésie est cette démarche qui par le mot, l’image, le mythe, l’amour et l’humour, m’installe au cœur vivant de moi-même et du monde. Le poète est cet être très vieux et très neuf, très complexe et très simple, qui, aux confins vécus du rêve et du réel, du jour et la nuit, entre absence et présence, cherche et reçoit dans le déclenchement soudain des cataclysmes intérieurs le mot de passe de la connivence et de la puissance.” La citation est d’Aimé Césaire, prononcée lors d’un congrès de philosophie à Port-Au-Prince en 1944. En quelques lignes, Césaire résume le mystère intrinsèque et indéfinissable de la poésie. La poésie, mot de passe de la connivence et de la puissance, deux mots qui en appellent un troisième à mon avis, la magie. Tout poète est un peu mage ou sorcier, Rimbaud disait “voyant” et chez Anthony Joseph, c’est le mot flamboyant, l’incantation et l’envoûtement d’un jazz créole qui font de lui un grand alchimiste des matières poétiques et musicales. Abordant le live comme une cérémonie et la scène comme un autel, Anthony Joseph fait de chacun de ses albums un acte de résistance, une arme à la fois politique et hautement spirituelle, à l’image de son nouvel et troisième album, The Rich Are Only Defeated When Running For Their Lives, paru au printemps dernier sur le label Heavenly Sweetness.
À l’occasion d’un concert à Paris dans le cadre du festival Jazz à La Villette, je retrouve Anthony Joseph dans un temple de la littérature caribéenne et ultra-marine, la Librairie Calypso, dans le 11e arrondissement de Paris : le lieu idéal pour interroger sa relation spirituelle avec la poésie, les mots, le langage, et la portée magique du créole caribéen. En deuxième partie d’émission, Célia Wa nous offre un live céleste inspiré des pulsations sacrées nyabinghi. En juin dernier, la chanteuse, percussionniste et flûtiste guadeloupéenne donnait vie à Wastral (Heavenly Sweetness), un EP conçu comme la carte d’un voyage stellaire, guidé par le sextant de sa poésie créole.
Célia Wa sera en concert le 24 septembre prochain aux Cuizines, à Chelles (77) en première partie de Sandra Nkaké, et le 25 septembre à La Dynamo à Pantin.