Après l’élection de Trump, il fallait bien que quelqu’un s’en occupe.
Une semaine après l’élection de Donald Trump, nombreux sont les citoyens américains qui s’inquiètent pour leurs droits fondamentaux. La communauté LGBT se sent particulièrement visée. Mike Pence, ex-colistier et futur vice-président du milliardaire peroxydé, a, entre autres éructations, assimilé les couples homosexuels à « un effondrement de la société ». Pour les personnes transgenres, qui viennent à peine d’acquérir un peu de visibilité au sein de la société américaine, le rétropédalage s’annonce douloureux.
Longtemps reléguée sous le tapis des institutions politiques, la question des identités de genre finit par ressurgir là où on l’attend le moins. Après un débat houleux sur l’utilisation des toilettes en mai dernier, c’est l’application de rencontres Tinder qui vient de s’en saisir.
Sean Rad, le CEO de l’appli créée en 2012, se targue d’avoir provoqué des « milliards de rencontres ». Mais pour prendre part à ce qui se veut être une réinvention de la rencontre amoureuse, il fallait jusqu’ici se définir comme « homme » ou « femme ». Un fonctionnement binaire old-school, et peu en phase avec sa cible : les jeunes, voire très jeunes générations.
De nombreuses personnes transgenres se sont plaintes auprès de Tinder après la désactivation de leur profil. Elles avaient été signalées à plusieurs reprises, par des soupirants déçus, choqués ou suspicieux de leur identité et du genre par lequel elles se définissaient.
Dans une vidéo réalisée par Tinder, la réalisatrice transgenre Andrea James raconte que beaucoup d’utilisateurs détournent le système de sécurité de l’application pour empêcher les personnes transgenres d’y accéder en les signalant. Une discrimination similaire à celles qu’elles subissent en société. “On est censés rencontrer des gens, et créer des relations, mais une fois de plus, on nous fait sentir qu’on ne veut pas de nous”, explique dans la même vidéo Trace Lysette, l’une des actrices de la série Transparent.
Tinder a décidé de réagir. Sous « Man » et « Woman » les versions américaine, canadienne et britannique de l’application proposent désormais un onglet « More » qui inclut une quarantaine d’identités telles que « transgenre », « neutre », « non-binaire », « autre », ou encore « gender-fluid ». On ne sais pas encore si ces nouveaux paramètre seront ajoutés à l’appli française. Dans une interview à la BBC, Sean Rad assure que « les outils de modération aient été totalement modifiés » et qu’en cas de signalement abusif contre une personne transgenre, les sanctions seraient désormais prises contre le fautif.
Si ces nouveaux paramètres ne permettront pas d’empêcher les comportements déplacés ou violents de certains utilisateurs, ils ont au moins l’intérêt de mettre en lumière les revendications de ces communautés, et la difficulté de vivre dans une société qui ne les prend pas en compte. En proposant des dizaines de possibilités, l’application fait un pas vers l’évolution des consciences, en démocratisant les mots, en attisant la curiosité, et en provoquant une réflexion nécessaire.
Photo: Capture d’écran vidéo Tinder