On l’attend avec impatience.
La chronique Film de Baptiste Etchegaray, c’est tous les mercredis à 8h45 dans Pour que tu rêves encore, la matinale de Radio Nova. Vous pouvez lire la chronique de ce mercredi, ci-dessous, ou bien l’écouter, en podcast.
On se souvient tous de Moonlight, Oscar du meilleur film il y a deux ans. Un véritable phénomène qui sortait de nulle part, sans star, avec un tout petit budget. Il faisait le portrait d’un jeune noir homosexuel dans les ghettos de Miami et qui avait bluffé par sa puissance visuelle, sensorielle. Du coup on attendait avec impatience le nouveau film de Barry Jenkins, Si Beale Street pouvait parler. Ça sort mercredi prochain.
Avec Moonlight, Barry Jenkins avait été le premier réalisateur noir américain à obtenir un Oscar. Dans Si Beale Street pouvait parler, il s’attache à montrer des personnages qu’on ne voit pas tant que ça au cinéma : un homme et une femme, noirs, qui s’aiment infiniment dans le Harlem des années 70. Ça devrait être une pure histoire d’amour, en fait c’est un mélodrame. Le personnage masculin est envoyé en prison pour un crime qu’il n’a pas commis et d’un coup, ce couple si beau, si amoureux se retrouve confronté à une société blanche qui ne veut pas d’eux.
L’histoire se déroule dans les années 70, mais pourrait se passer dans l’Amérique de Trump. On pense évidemment aux bavures policières, au mouvement Black Lives Matter. Mais tout cela est hors-champ, parce que Barry Jenkins met un point d’honneur à ne pas faire de cinéma militant. À la différence d’un Spike Lee, sa façon de parler du racisme est de magnifier les personnages noirs. Il leur donner la place qu’ils méritent sur le grand écran. Ce ne sont pas des victimes, mais des résistants, des résilients, des amoureux, qui ont un destin à accomplir.
Adaptation d’un roman de Baldwin
Le film est en réalité une adaptation du livre éponyme de James Baldwin, auteur majeur de la lutte pour les droits civiques aux États-Unis et intellectuel remis au goût du jour récemment par le documentaire multi-récompensé I Am Not Your Negro, de Raoul Peck.
Baldwin racontait notamment en interview, et ses mots résonnent encore aujourd’hui, ce que c’était, vers 6 ou 7 ans, que de se découvrir noir, alors qu’on se pensait simplement américain : « C’est un choc de découvrir que les Indiens que chassent Gary Cooper dans les westerns, c’est vous. »
Visuel (c) Si Beale Street pouvait parler