« Vent debout », cet écrivain parisien déclame un hymne au bricolage tout en alexandrins, pour nous encourager à « tricoter des pulls » et « cuire des melons » dans de solides cabanes à Bali ou à Blois.
« Réponds, baisse la musique, avance, plus vite, enlève tes écouteurs, tu finiras par devenir un petit gros, comme ton grand-père maternel, tu séduiras aucune fille, aucune fille, moi je n’en peux plus, il me pousse à bout, basta, la coupe est pleine, alors ça monte dans ma gorge… D’abord, t’es pas vraiment mon père. »
Dans son dernier roman publié aux éditions Anne Carrière intitulé On fait parfois des vagues, Arnaud Dudek se glisse dans la peau d’un jeune garçon élevé « dans un village de cinq cent cinquante-trois habitants avec des cabanes dans les arbres, des marronniers, des chèvres à poil ras, un bout de terre situé à quinze kilomètres au sud de la capitale régionale », qui apprend à 10 ans que son père, avec lequel il n’entretient pas une formidable complicité, n’est pas son géniteur, en réalité. Il vivra ensuite avec l’écho de cette « tempête » jusqu’à l’âge adulte, quête des origines contée avec une grande économie de moyens via de brefs chapitres, qui cependant ne lésinent pas sur l’émotion – signe caractéristique des romans de l’auteur parisien du bouleversant Tant bien que mal (2018, Alma), qui narrait déjà les conséquences d’une enfance déboussolée (euphémisme).
Optimiste, Arnaud Dudek voit loin. Pour L’Arche de Nova, il s’est retroussé les manches pour écrire – tout en alexandrins ! – sa vision d’avenir en forme d’hymne au bricolage. « Mon futur se construit dans de solides cabanes / pour abriter nos rêves et nos poissons-bananes / Oubliés pavillons aux balançoires factices / Ecartées tours gratuites, fournies sans la notice, vernies de vanité et pochées dans le vain / Des cabanes cousues main : rien de plus, rien de moins / Dedans nous n’écrirons plus de notes stratégiques, mais nous retrouverons le goût pour le pratique. » Tout se fera mieux dehors. Et… « Le si mauvais bruit des si mauvais jours qui crawlent ne méritera qu’un bref haussement d’épaules. »
Pour écouter la chanson née du roman d’Arnaud et composée par Olivier Hazemann, c’est ici :
Image : détail de l’affiche du documentaire Les Grands voisins, la cité rêvée, de Bastien Simon (2020).