Troisième long métrage de son réalisateur Robin Campillo, 120 Battements Par Minute a créé une sacrée sensation chez les cinéphiles des années 10. Une plongée naturaliste, poignante, rageuse – et en partie autobiographique – au coeur de la vie, des zaps et des combats d’Act Up-Paris au début des 90s.
Ces « années sida » étant indissociables des années house, la musique ne pouvait qu’avoir un rôle prépondérant dans un tel film. « SILENCE = MORT », à tous points de vue. Il ne fallait donc pas se gourer dans le casting, ne pas confier cette tâche à un.e stagiaire désoeuvré.e, une bleusaille prise au pif dans le bottin ou un.e tâcheron.ne débitant du score au kilomètre. Avec Arnaud Rebotini, le colosse moustache-et-pento de la French Touch, 120BPM a trouvé son homme – qui lui a rendu cette confiance au centuple.
César de la meilleure bande originale, Arnaud Rebotini replonge ici dans une house mélodieuse, tout en finesse électronique, qui fait danser son prochain sans s’interdire une certaine mélancolie héritée de la Philly soul. La house que Rebotini a côtoyé de très près durant sa vingtaine, celle de ses premières années musicales (Black Strobe, avec Ivan Smagghe) et son activité de disquaire chez Rough Trade Paris.
Un zeste de purisme rétro qui n’a rien de bêtement nostalgique, mais qui vient simplement ressusciter l’humeur et les aspirations de la gaynération des 80-90s (la version revue et corrigée de « Smalltown Boy » n’est pas là par hasard), pour qui la musique était encore un outil rêvé d’affirmation et de transformation du monde. Autant de choses dont Rebotini est d’ailleurs venu causer à l’antenne de Nova à de multiples reprises (par exemple ici, dans le « Nova Club » aux côtés de Didier Lestrade, ou là, « À la Dérive » au micro d’Aurélie Sfez).
Tant et si bien que le voici maintenant sur scène pour interpréter live cette BO. Et pas tout seul, attention. Rebotini s’est entouré du Don Van Club, sept musicien.ne.s classiques qui apportent des cordes, des flûtes, clarinettes, harpes, aux machines house. Une alliance du dancefloor synthétique et de l’instrumentarium orchestral souvent tentée (Garnier, Mills, Ed Banger …), pas toujours bien sentie, mais qui ici survient à point nommé, le caractère cinématique aidant. Ça prend même une ampleur à couper le souffle, et met le palpitant à 7200 à l’heure (pourquoi 7200 ? Faites le calcul).
Pour profiter de tout ça avec vos propres yeux et oreilles, assis.e à votre aise sur l’un des fauteuils de l’Auditorium de l’Opéra, tentez votre chance ici-même. Et avec le mot de passe, à chercher non pas chez Melton Pharm mais sur notre page Facebook Nova Aime, ce sera d’autant plus facile.