C’est dingue ! Je viens à peine de finir de le parcourir que ce bouquin m’a déjà carrément redonné le mojo !
Et pourtant, ça n’était pas gagné, avec ce deuxième confinement qui s’éternise, j’avais un peu peur de me plonger dans cette évocation de trois décades d’effervescences artistiques ébouriffées sans me prendre direct un gros coup de blues.
C’est l’inverse qui s’est produit et si je n’était pas un athée convaincu, je dirais presque que ce bouquin m’a redonné la foi.
Car l’histoire du festival Art Rock est quand même assez incroyable,
surtout si, comme moi, vous avez connu Saint Brieuc à la fin des années 70… On y allait régulièrement, un dimanche par mois, voir mes grands parents qui habitaient au fin fond de la campagne à une quarantaine de kilomètres de là, là où les corbeaux volent à l’envers. Aller faire un tour à Saint Brieuc, le dimanche après midi, pour eux c’était la fête (Pensez donc, c’était l’occasion de monter dans une voiture !), pour nous, gamins, c’était la mort.
Alors oui, c’est un miracle, ce festival et pas qu’un peu… En feuilletant les 364 pages, abondamment illustrées, je me prends dans la gueule, d’un coup l’ampleur de la chose : Comment, dans ce désert culturel, une petite bande de potes a osé lancer et faire grandir un festival dont la programmation a été d’entrée de jeu avant-gardiste et sacrément gonflée. Rien que d’y penser, il me tombe un œil…
Ne cherchez pas, coté musique, la célébration de l’esprit rock s’est enrichie de tous les mélanges, avec en général, un coup d’avance sur la tendance. De Sonic Youth à Public Enemy, de Rachid Taha à Dominic Sonic, de Glenn Branca à Charlotte Gainsbourg, de Primal Scream à Mahmoud Ahmed sans oublier Yelle, ils sont tous venus ! Même Peter Doherty a oublié d’annuler, c’est dire…
Mais là où Jean Michel Boinet, Marie Lostys et leur copains ont fait fort, c’est d’y adjoindre très vite le théâtre de rue… Royal de Luxe, dès 1986, sur la Place de la Résistance… On rêve… Et les déjantés de la Fura dels Baus qui vont s’y produire pas moins de neuf fois… Il fallait oser…
Ils ne s’arrêteront pas là, la programmation va aussi intégrer la danse (Découflé est un fidèle complice), les performances, l’univers des clips, le graphisme et la photo ainsi que la littérature.
Et c’est ce qui fait entre autre le charme de ce bouquin : l’iconographie y est un vrai trésor, entre les très belles photos de concerts qui sentent bon le groove et la sueur, la joyeuse bizarrerie de certains graphismes, le choc des clichés volés lors de performances olé olé, le tout mélangé aux apparitions d’un public qui en redemande depuis 1983, et bien, croyez-moi, ça colle la banane.
J’ajouterais que le texte est tout aussi précis que concis. Du concret, pas de verbiage d’écrivain raté reconverti en journaliste rock, ce qui nous fait des vacances et nous donne une saine énergie pour tenir jusqu’à l’arrivée du vaccin, retrouver l’équipe d’Art Rock dans la place et s’en remettre une couche, plein les yeux, plein les oreilles !
Rendez vous les 29, 30 et 31 mai 2021.
Art Rock de 1983 à nos jours, 364 pages, paru aux Éditions de Juillet,
Et rien que pour vous, quelques exemplaires à gagner en filant fureter sur Nova Aime.