Après « In The Silence », l’Islandais sort « Afterglow »
Il y a cinq ans, au pays d’Islande, cette île incroyablement fertile en terme de « musique pop qui plane » (Björk, Samaris, Sigur Rós, Olafur Arnalds, Kiasmos…) on découvrait l’étoile Ásgeir, conduite par la voix stellaire et filante d’Ásgeir Trausti Einarsson, une pop-folk magistrale et sensible, qui prenait beaucoup de hauteur (vocale) afin de mieux manifester son lyrisme, saveur sucrée-salée qui devait aboutir à l’album In The Silence, qui avait alors énormément tourné ici, et ailleurs aussi.
Quelques tubes grandioses (« In The Silence », « King and Cross », « Higher »), beaucoup de dates, et un succès plus grand encore, en terme de chiffres du moins que celui qu’avait connu Björk, l’immense diva locale qui a largement permis, dans les années 90, au pays d’exporter son vocable si particulier par-delà des horizons qui se limitaient alors aux rivages pas bien chauds de l’Océan Atlantique Nord. Près d’un islandais sur dix, nous rappellent Les Inrocks, avaient en effet acheté Dýrð Í Dauðaþögn, son premier album traduit ensuite en Anglais sur In The Silence, paru sur One Little Indian (le même label, justement, que Björk, et que la plupart des signatures « bankables » marquées « pop islandaise »).
Désormais guetté partout, et plus seulement du côté de Reykjavík, Afterglow, le second (ou le troisième ? Vous avez suivi) album d’Ásgeir utilise ainsi des recettes similaires à ce qui avait fonctionné hier (le lyrisme vocal qui met en avant la superbe voix de l’Islandais, les trainées folk suffisamment raisonnables pour demeurer dans un schéma pop, les refrains qui se retiennent sans pour autant demeurer dans le crâne comme un vilain parasite sonore), mais en ajoute également de nouvelles, idées piochées dans le répertoire de ses contemporains les plus similaires et les plus inspirés. Sur Afterglow, le son d’Ásgeir, ainsi, s’électrise (ou, en langage hipster, se « boniverise », si l’on considère que la voix prend parfois quelques effets), et se voit porté par des productions basculant parfois, plus que dans la pop-folk, dans la soul électronique, semblable à ce que produisent depuis dix ans les meilleurs géniteurs du genre, de James Blake à SOHN, de William Arcane à Son Lux, de Deptford Goth à Ry-X. Idée judicieuse.
Mais écartons les idées de productions. Sur In The Silence comme sur Afterglow demeure, en effet, une même ambition : celle d’un garçon sensible qui a besoin de dire ce qui se trouve tout au fond, lui qui s’est appuyé, ce coup-ci, sur les textes de son géniteur (Einar Georg Einarsson), qui en plus, on en est certain, d’avoir été un super papa, a également été l’auteur d’un certain nombre de recueils de poésie parus dans le pays de l’extrême Nord de l’Europe.
La poésie, formulée via le format pop : voilà Afterglow, confectionné durant un an et demi mais enregistré, en quasi instantané, au cours d’une séance studio de dernière minute, au sein du domaine familial, et qui s’impose comme l’un des albums de pop les plus doux de ce milieu de printemps.
En concert au Bataclan le 12 octobre.
Visuel : (c) DR