Un siècle d’art Optic, Cinetic et Cybernetic ?
Ce fut une mode durable et récurrente, qui a démarré dés les années 1910 avec les Italiens du futurisme, les Allemands du Bauhaus et les Russes du mouvement suprématiste. Avec l’abstrait et le moderne, les artistes se sont senti pousser des ailes.
Finies les toiles, les couleurs. Bonjour les objets bizarres, les bricolages qui déforment le monde visible. Ils découvraient avec une fascination un peu naïve les effets d’optique, les démultiplications peintes par les futuristes, les décompositions des cubistes, mais en vrai, comme au cinéma.
Ajoutez une dose de scientisme, un peu d’électricité, des batteries, néons, ampoules, moteurs, dynamos… Le tout agrémenté de miroirs déformants et de métal chromé pour les reflets, et le tour est presque joué. Reste à accepter l’idée.
Les formes se déforment, on voit à travers des gélatines ou du celluloïd, ça tourne, ça bouge, ça vibre. Les rayons de lumière se mélangent, s’estompent ou se croisent, et nos yeux ont du mal à suivre.
Cette fascination néo-technicienne pour des objets d’art teintés de technologie lumineuse, électrique ou mécanique, montre bien la naïveté des artistes, placée sous le signe d’un grand espoir envers la science et le progrès. Malgré les déceptions, cet engouement ressurgit tous les quinze ou vingt ans, poussé par de nouvelles techniques.
Après les effets optiques simples, dus à des jeux de noir et blanc juxtaposés, puis de lamelles métalliques, ils ont utilisé de petits moteurs, puis des néons et autres spots lumineux, des fumées et vapeurs pour estomper le tout, enfin des miroirs, peu ou pas de laser.
Après tout, les artistes sont des mystiques de l’image, de la rétine. Ce qui arrive à notre vision est leur credo et sans doute ne peuvent-ils résister à obtenir un effet, quoiqu’il en coûte de bidouillage, bricolage, ou autre subterfuge fascinant. Car cette débauche de moyens et de quincaillerie gène un peu la contemplation et vieillit souvent mal.
Cette sur-matérialisation de l’art n’est compensée que par la simplicité du message: échapper à l’image fixe, obtenir un glissement magique de la forme ou de la couleur.
La France a joué un grand rôle dans cette période cinétique à la fin des années 50 – galerie Denise René – puis au début des années 60, les artistes militants de la même école se sont regroupés à Paris, Argentins comme Julio Le Parc, et d’autres Latino-américains, emballés par ce style.
La contestation avait rejoint l’art avec ce mouvement anti-peintre et anti-expressionniste pour la plus grande joie des gauchistes, des révolutionnaires et intellectuels.
Par la suite, les mouvements Pop et Psychédélique seront les réacteurs de ces idées optiques et perceptionnistes, mais finalement achèveront de faire vieillir ces concepts vibrants et ces formes instables. Light shows et LSD rendront (définitivement ?) caduques ces « machines artistiques ».
– Dynamo. Art optique de 1913 à 2013 (grande rétrospective mondiale)
Galeries nationales du Grand Palais. Jusqu’en juillet.
– Julio Le Parc. (grand maître cinétique) Palais de Tokyo.
Jusqu’au 13 mai