Un toit est un droit et quand ce droit vient à manquer, s’inventent des situations d’urgence au cœur des villes.
Je me souviens qu’un jour il y a quelques années, une amie attablée dans une gargote aux embruns marins me disait entre poisson, dessert et café que le petit appartement près de la gare dans la capitale où elle vivait depuis presque toujours, était enfin à elle. Qu’elle avait fini de payer mensualités comprenant principal et intérêts et que son prix, celui du marché précisait elle, avait largement augmenté. Elle n’en tirait aucune gloire, ne pensant pas le revendre, car se trouvant suffisamment bien dans ce cœur de ville populaire, en tout cas il le fut. Elle s’étonnait que dans cette ville fortunée au prix du mètre-carré élevé, dans cette élégante capitale, des hommes, des femmes et enfants puissent vivre ainsi sans que les pouvoirs publics ne soient choqués par cet état de fait. Qu’ils ne se posent des questions et surtout ne trouvent prioritairement des réponses à ce qu’à n’en pas douter, ils devaient avoir noté comme elle. Dans sa capitale ou dans la mienne, le constat est le même, même si le prix du mètre carré est un peu moins élevé ici.
Tout près de la gare St-Charles, sous les escaliers majestueux qui dégoulinent vers la Ville et son tumulte, vivent des hommes et des enfants, dans des tentes ou des voitures dont on ne fait plus le plein depuis bien longtemps, Ici, sous cette architecture de fer et de pierres vivent des personnes originaires d’Afrique de l’Est et l’Ouest pour la plupart, des majeurs et des mineurs. Régulièrement la Police vient subtiliser ses abris d’infortune, et cela, sans décision de justice, embarquant le peu d’intimité qu’ils arrivaient à préserver et les quelques effets en leur possession ainsi que les éléments des dossiers que ces êtres humains constituaient pour s’imaginer un avenir dans les clous, plutôt que dans l’illégalité.
Il faut savoir que sans décision de justice, il ne peut avoir d’expulsion. Des lois protègent les habitants de ces abris d’infortune, des lois les protègent ainsi que leurs biens. Il serait bon que nos forces de l’ordre fassent respecter l’ordre, plutôt que le désordre. Une plainte devrait être déposée dans les jours à venir pour vol, espérons que la justice ne trainera pas trop. L’humanité n’est pas une option, mais un devoir auquel nous avons tous droits et auquel nous sommes tous astreint.