La pollution sonore est le deuxième facteur environnemental provoquant le plus de dommages sanitaires en Europe après la pollution atmosphérique, selon l’OMS… Alors qu’est-ce qu’on fait ? Figurez-vous que l’art contemporain peut apporter des solutions ! Dans sa rétrospective de la carrière de Marina Abramović, le Kunsthaus de Zurich nous invite à une cure de désintox loin du bruit contemporain. Ne quittez pas !
Selon une nouvelle étude de la mégarevue scientifique Plos One, publiée il y a quelques jours, il paraît qu’on est stressé par le bruit, et notamment par celui de la circulation. Entre les moteurs, sirènes, klaxon, et insultes, plus ça roule vite autour de nous, plus on est stressé. En fait, en ville, on a quand même souvent l’impression d’être dans un film d’apocalypse… Alors, la solution ? Baisser d’un ton et ralentir… la circulation !
Une rétrospective de Marina Abramović : ralentir le rythme
Les autorités multiplient les démarches pour ralentir le rythme, et il parait que l’art contemporain aussi ! C’est le cas du musée Kunsthaus à Zurich, qui consacre actuellement une rétrospective sur les 55 années de carrière de l’artiste serbe Marina Abramović. Cette pionnière de l’art de la performance qui sonde les limites du corps et de l’âme nous invite à se couper de ce monde parasité par le bruit et les distractions.
Un parcours à travers l’art de la performance de Marina Abramović
La rétrospective du Kunsthaus reproduit plusieurs performances de Marina Abramović à expérimenter live : se faufiler entre deux artistes nus dans « Imponderabilia« , ou trier et compter des grains de riz, comme une métaphore du temps à prendre pour vivre, dans « Counting the rice« . Le musée présente aussi plusieurs vidéos des performances les plus intenses de l’artiste : on observe ainsi Marina Abramović se flageller nue des heures durant, ou crier jusqu’à se casser la voix, dans un travail d’illustration de l’horreur des guerres de Yougoslavie des années 1990.
On y retrouve aussi les 72 objets de « rhythm 0« , la performance qui l’a propulsée avec fracas sur le devant de la scène artistique mondiale, en 1974, et dans laquelle elle invitait le public à faire tout ce qu’il voulait d’elle. Le truc avait dégénéré, passant de timides caresses avec une plume à des agressions physiques dont une partie du public l’avait alors protégée. Témoignage de ce que l’âme humaine peut de plus violent… Très très d’actualité, évidemment.
Cure de désintox digitale dans la « Decompression Chamber »
Une rétrospective stimulante avec des performances jamais innocentes, vous l’aurez compris, qui proposent aussi l’expérience du bien-être, comme dans la « Decompression Chamber« . À l’intérieur, nos téléphones sont remplacés par des casques anti-bruits sur les oreilles, pour une détox digitale dans des transats aussi gris que les murs de la pièce, face à la cime des arbres. Il est question de se couper du bruit d’un monde extérieur saturé par la technologie pour reconnecter avec notre intérieur… Tentant ! « [Cette chambre de décompression] est une opportunité de se détacher de ce qui est externe et de se rattacher à ce qui est interne » explique Marina Abramović à l’AFP, dans un monde où les gens « prennent des photos avec leur téléphone avant même d’avoir fait l’expérience de l’œuvre qu’ils sont en train de voir« .
Se couper (enfin) du monde ?
Alors si n’avez pas l’intention d’aller à Zurich pour goûter à tout ça, on vous recommande de couper vos téléphones et de vous fixer un oreiller sur chaque oreille face à une fenêtre, c’est déjà pas mal… Sinon, vous pouvez aller jeter un œil sur le site du musée, aux images très parlantes.