Cette troisième édition du festival marseillais « Au Large », organisée conjointement par La Méson, Le Cabaret Aléatoire et Le Mounguy, maintient le cap fixé par cette équipée à ses débuts.
Son objectif ? Endosser son rôle de promoteur local soucieux de proposer une alternative aux festivals qui courtisent tous les mêmes têtes d’affiches, et de faire une place honorable à la scène que les responsables de ces deux salles de tailles différentes et ce bar de quartier au sens noble du mot, voient grandir sous leurs yeux.
Valeureux pari qui nous évite de découvrir à l’affiche d’Au Large le nom des chanteuses Adé, Izia, Zaho de Zagazan, Suzanne, Angèle, leurs confrères Tiken Jah Fakoly, Mathieu Chédid, Pierre de Maere ou les bands Skip The Use, Deluxe, Louise Attaque, ou Shaka Ponk. Pas qu’on ne les aime pas, pour certains en tout cas — et ne me demandez pas qui sous peine que je vous réponde par un « je ne sais pas » emprunté à Marlène Schiappa — mais juste qu’ils jouent toutes et tous dans plus de 22 festivals durant l’été et parfois plus, le palme revenant à Adé avec 28 festoches cet été, suivie de près par Izia et ses 27 méga-concerts sur autant de giga-scènes.
À qui la faute ? Pas directement aux artistes maousse-costauds… quoique, à force de réclamer des cachets chaque année plus élevés, ils finissent par siphonner les budgets artistiques des programmateurs qui n’hésitent pas alors à rogner sur les cachets des groupes en développement aussi appelés découvertes, voire à les retirer de leur liste des possibles. Certains par ces temps difficiles où tout augmente, des cachets aux factures d’énergies en passant par les coûts des hébergements ou des matériels loués, cherchent à s’assurer les moyens de revenir l’an prochain encore plus gros ou au moins, pas plus petit malgré le gel des subventions. Ils misent donc sur des valeurs sûres et on ne saurait leur jeter la pierre, même si l’envie nous titille.
Mais revenons Au Large, à ce festival et à ces organisateurs, qui ont compris que nos envies de musique n’étaient pas si standardisées que ça. Qu’il y avait aujourd’hui, plus encore qu’hier, des publics friands de découvertes, d’aventures musicales nouvelles, de surprises souvent bonnes, qu’internet nous avait fracturé les oreilles, si elles n’étaient pas déjà grandes ouvertes. Plus qu’un esprit, cet ADN est partagé et défendu sur nos ondes. Ainsi, ils ont construit la programmation de cette troisième édition qui, dans le magnifique Théâtre Silvain, à ciel ouvert et sur trois soirs, réunira jeunes talents et baroudeurs des chemins de traverse lors d’un week-end passage de relais entre juin et juillet.
Tout démarre vendredi avec à tout seigneur, tout honneur, le rock puissant, inspiré, chamanique même du fiévreux trio de la Crau. Bertrand Belin, lui, auteur-compositeur et interprète, écrivain et acteur, est un touche-à-tout qui aime laisser sur son passage une empreinte singulière, tirée à quatre épingles tout en étant un chouya provocatrice ou décalée. Quant au hip-hop du duo Uzi Freyja (la chanteuse Kelly Rose et le producteur nantais Stuntman5) qui viendra ponctuer cette première soirée, il est très actuel, ouvert aux vents du large, évidemment, qu’il soit électro, rock ou teinté de grooves incendiaires venus de l’autre côté de la Grande Bleue.
Samedi, on sera déjà en juillet, donc vacances pour certains ! Pas pour Liquid Jane qui en plein développement a besoin et envie de manger des scènes. Ça tombe bien, Liquid Jane, finaliste du Tremplin Orizon Sud, ouvre cette deuxième soirée avec « un répertoire qui oscille entre néo-soul et pop-rock » me dit-on. Banco. L’avignonnaise Kalika au blaze qui nous éloigne de la Cité des Papes défend des titres pop, électro-pop produit Dan Levy (The Dø) qui révèle l’air de ne pas y toucher, un humour pince-sans-rire, décalé. Quant à Disiz, il n’est plus contagieux. La Peste n’est plus d’actu… Balayée comme un covid passager ou un hip-hop qui n’aurait garderéque ses dernières sonorités pour se métamorphoser en pop urbaine. Chacun fait ce qui lui plait plait plait, surtout lui, qui n’a de compte à rendre à personne ! Et tu le sais !
Dimanche encore et toujours la scène d’ici, une scène qui s’exporte et voyage. Cet hiver, le jeune trio marseillais Social Dance marquait les esprits du public des TransMusicales de Rennes. Depuis, leur electro-funk référencé est partout ou presque, et en ouverture de cette dernière soirée qui verra aussi le duo Agar Agar, passé au plein cœur de l’hiver par notre Chambre Noire, ou le joyeux troublion Lewis Ofman. Une prog des plus excitantes à laquelle il faut ajouter trois DJs (une par soir) : Alcaline, Amazonita et Sabb.
(Du 30 juin au 2 juillet — Dès 18h — Premier concert à 19h — au Théatre Silvain — Chemin du Pont — 13007 — Venez plutôt en bus, vélo, à pied ou en bourrant au max la voiture car le parking est difficile voire impossible — 30 € pour un soir, 55 € pour deux soirs et 75 € pour la totale, la célèbre complète, jamabon fromage avec œuf, et puisqu’on parle victuaille, sachez qu’au Large on mange, on boit et l’on peut même découvrir des créateurs locaux.).
Nova aime Au Large, nova offre des places. Reste à l’écoute du 105.7 et à toi de jouer !