La fin d’une loi archaïque et l’affirmation d’un mouvement féministe.
C’est une victoire monumentale pour les associations protégeant les droits des femmes au Liban. Le groupe ABAAD menait sans relâche une bataille juridique pour la suppression de l’article 522 du code Pénal libanais qui offrait une protection aux hommes reconnus coupables ou condamnés pour des faits de viols ou d’agressions sexuelles. S’ils épousaient leurs victimes, les poursuites était abandonnées, et s’il y avait eu condamnation, celle-ci était annulée. La loi concernait également les rapts et les mariages forcés.
La Jordanie vient elle aussi de voter l’abrogation de cette loi, suivant l’exemple de l’Égypte, le Maroc et la Tunisie. Pour les associations libanaises, notamment ABAAD, c’est une victoire dûe à un lobbying incessant, et à de nombreuses manifestations dans l’espace public pour sensibiliser l’opinion aux risques qu’engendrait cette loi votée en 1940.
En avril dernier, des robes de mariées avaient été pendues au bout de cordes sur la Corniche de Beyrouth, en signe de protestation. Sur les réseaux sociaux, la mobilisation, avec le hashtag #Undress522 avait aussi rencontré un large succès.
Join us &be many at einmraise! Lets Support #522 campaign &push the parliament to vote by yes! #lebanon #beirut #women #rights #undress522 pic.twitter.com/2mLNseIFVw
— alia awada (@AlyaAwada) 22 avril 2017
#Article522 is officially abolished! Congratulations to all #women across #Lebanon #undress522 pic.twitter.com/N4wRWddLWg
— alia awada (@AlyaAwada) 16 août 2017
Interviewée par PRI, Alia Awada, porte-parole du groupe ABAAD, explique qu’au Liban, « la plupart du temps, lorsqu’une femme est violée, l’homme vient et la demande en mariage. La famille répond en général ‘D’accord, il vaut mieux pour elle qu’elle l’épouse et qu’elle ait une vie normale, préserve son honneur et celui de sa famille’ ».
Continuer le combat
Il s’agit pour ABAAD de rappeler le statut criminel du viol, et l’importance d’en punir les coupables. Il s’agit également de donner une voix aux femmes victimes de ces lois. En 2012, une jeune marocaine de 16 ans s’était donné la mort après avoir dû épouser son violeur.
Mais Alia Awada rappelle qu’il ne s’agit pas seulement des lois. « Nous travaillons également à l’échelle des communautés, pour expliquer que certaines pratiques sont aussi problématiques. C’est en faisant évoluer nos mentalités et nos pratiques que nous obtiendront les changements nécessaires, au Liban et ailleurs. »