Dans Plus Près De Toi, la chronique de Thomas Zribi.
Toutes les semaines, Thomas Zribi, journaliste à Nova Production, fait sa chronique internationale dans Plus Près De Toi. La voici.
Je voudrais vous parler d’un article publié dans The Guardian, le journal anglais, hier. On y lit que le père César Truqui, un curé mexicain, s’apprête à se rendre à Rome pour y donner une série de cours d’exorcisme à des prêtres venus du monde entier, lors d’une conférence internationale sur l’exorcisme organisée par le Vatican.
Cet article nous apprend que l’exorcisme existe toujours au sein de l’Eglise catholique, il est même de plus en plus pratiqué.
Je pensais, naïvement, qu’on n’en voyait que dans des vieux films d’horreur ou dans des sectes exotiques.
Eh bien pas du tout : chaque diocèse a son exorciste attitré, ça se pratique partout dans le monde, et le père César Truqui, celui qui est interviewé dans l’article, est une référence en la matière.
Je vous rappelle ce qu’est un exorcisme : cela consiste à faire sortir le démon du corps d’un possédé lors d’une cérémonie.
Le prêtre explique tout d’abord comment savoir que quelqu’un est justement victime d’une intervention du démon.
Il cite l’exemple de l’une de ses patientes, en conflit avec sa belle-mère, qui avait l’impression qu’on lui enfonçait en permanence des poignards dans les jambes, et qu’on lui serrait le coup. C’est un signe selon lui de la présence du Malin.
Autre exemple, celui d’un homme qui ne pouvait pas s’empêcher de se masturber 40 fois par jour, ce qui est physiquement impossible d’après le prêtre, et ce qui prouve donc, que c’est l’œuvre du démon.
C’est dans ce type de cas que lui, ou d’autres, procèdent à des séances d’exorcisme.
Ces séances sont très secrètes, les prêtres hésitent souvent à donner des détails sur comment elles se déroulent.
Alors afin de comprendre comment ça se passe concrètement, j’ai regardé un documentaire sur l’exorcisme qui date de 1984, diffusé sur Antenne 2 à l’époque, dans lequel une séance est filmée, ce qui est très rare.
Le père Mathieu, qui est décédé depuis, exorcise un homme d’une quarantaine d’années. L’homme, qui s’appelle André, est allongé sur la table d’une cuisine, ça se passe la nuit. On a installé des couvertures sur la table, pour la rendre plus confortable sans doute, on a aussi installé des sangles pour attacher le possédé.
Le père Mathieu est entouré de deux femmes, et d’un homme qui l’assistent.
Voici un extrait de la séance.
La scène est horrible, ça ressemble de la torture. André est attaché, le curé hurle des incantations en latin, puis en français, en imposant ses mains sur le corps de l’homme qui se débat, et qui a l’air complètement ailleurs.
Le film ne dit pas comment se sent le pauvre André à la fin de la séance, mais on a du mal à imaginer qu’il va mieux après qu’avant.
D’autres détails sur ces séances d’exorcisme viennent du plus célèbre des exorcistes du monde, le père Gabriele Amorth. Il a écrit un livre sur la question. Il est italien, il aurait procédé à environ 100 000 exorcismes, et il raconte ses expériences les plus fortes d’échanges avec le démon.
Dans l’un de ses exemples, il décrit l’exorcisme d’une femme de 50 ans, elle aussi en conflit avec sa belle-mère.
Je vous lis un passage de son livre : le prêtre parle à la première personne, et le démon lui répond, à travers la femme qui est en transe.
Je lui dis : « Tu trembles, hein, quand tu entends le nom de Marie ! Elle te fait peur parce qu’elle ne t’a jamais été soumise par le péché ! Parce qu’elle n’a pas le péché originel, et parce qu’elle t’a écrasé la tête avec son fils Jésus ! » Il m’interrompt : « Tu sais avec quel pied ? » Je me prends à son jeu: «avec quel pied? Voyons un peu… Ça m’intéresserait bien de le savoir ! » Sa réponse : « Avec le pied droit. » J’insiste : « Pourquoi avec le pied droit ? » Il réplique : « Parce que c’est le plus fort et le plus résolu. »
J’arrête là ma lecture. L’exorciste explique que le démon le provoque, se moque de lui, et qu’ils peuvent, tous les deux reprendre une même conversation d’une séance sur l’autre.
Tout cela est donc très normal du point de vue de l’Église catholique. Et ce sont des choses qui se font également en France, où l’on compte une centaine d’exorcistes officiels.
Sur le site de la conférence des évêques de France, il y a toute une page consacrée au sujet. On y trouve notamment le témoignage d’un exorciste français qui explique qu’une grande partie de son travail consiste à distinguer les personnes qui sont effectivement affectées par le démon, de celles qui souffrent de troubles mentaux.
Or, personne n’a, semble-t-il, pensé à questionner la santé mentale, justement, de certains de ces exorcistes. Je vous cite par exemple une phrase du père César Truqui, celui qui va enseigner ce mois-ci au Vatican. « Quand on entend le grognement satanique, quand on entend la voix de Satan, on la reconnaît ».
Visuel : (c) capture d’écran de L’Exorciste