Et si le covid-19 n’était qu’une étape dans l’évolution de l’humanité ? Quid du covid-32, du covid-99 ? C’est le diagnostic S.-F. de cette réalisatrice de films d’animation, en duo avec l’architecte Alexandre Bullier.
Au sein de la CIA, il existe un « département déguisements », dont les cadres ont pour mission de former les agents opérationnels à l’utilisation de faux-papiers, au port de la perruque, au maniement du stylo-appareil-photo ou de la mallette à double fond. Dans les années 80, ce poste était tenu par Joanna Mendez, l’une des héroïnes de la série d’animation documentaire Les espionnes racontent, diffusée fin mars sur le site d’Arte. En six épisodes de sept minutes, on y entend les témoignages d’authentiques professionnelles du renseignements – traqueuse de nazis du KGB, taupe de la Stasi, aventurière du Mossad – interrogées par la journaliste française Chloé Aeberhardt, qui en tira un livre (éditions Robert Laffont, 2017) qu’elle adapte à l’écran avec la réalisatrice Aurélie Pollet.
Or, pour cette dernière, l’espionnage vient peut-être d’évoluer vers une forme inattendue, biologique, née des symptômes imprévisibles du coronavirus. En compagnie de l’architecte et urbaniste Alexandre Bullier *, Aurélie Pollet imagine à deux voix le scénario d’une série de « mutations » du covid-19 qui, selon leurs estimations, finira par toucher l’ensemble de la population mondiale d’ici 2029, fractionnant notre espèce en nouvelles communautés dotées de leurs propres avantages et inconvénients : don pour la musique, amnésie chronique, peau recouverte d’écailles, apparition d’excroissances végétales au bout de doigts… Une façon pour le virus de nous « contrôler », afin de faire émerger « des espèces humaines de plus en plus complexes ».
Pour découvrir Les espionnes racontent sans porter de fausse moustache, c’est ici.
* Egalement auteur de nouvelles, Alexandre Bullier vient de terminer un premier roman, Marche, en quête d’éditeur.
Visuel © Black Hole, de Charles Burns (éditions Delcourt, 1995-2005).