Ned Johnson est mort, mais Ned Johsnon n’est pas mort. L’administration américaine a pourtant décidé que le vieux loup de mer de 82 ans était passé de l’autre côté, sans trop lui demander son avis… Pourquoi et comment ? Mystère quasi-total.
Seattle, novembre 2024. Ned Johnson prend son petit-déjeuner avec sa femme, Pamela, devant leur table à manger. Comme à son habitude, Pamela s’attèle à ouvrir le courrier qu’elle a cueilli dans la boîte aux lettres de la maison. Elle déchire une première enveloppe. ”Toutes nos condoléances pour le décès de votre mari« , signée par la Banque d’Amérique. Pause. Des condoléances pour le même homme qui se trouve face à Pamela, bien vivant, en train de siroter un café ? Il faut croire que oui.
Les morts ne reçoivent pas d’argent
Le couple croit d’abord à une erreur, puis à une escroquerie… Jusqu’à ce que de l’argent commence à disparaître de leur compte bancaire. Notre Ned faisait partie des quelque 73 millions d’Américains qui touchent chaque mois des chèques de la Sécurité sociale. Mais pourquoi elle enverrait de l’argent à un mort ? Mutuelle, assurances, paiements : tout s’arrête. Pire, les chèques envoyés après la date du supposé décès de Ned Johnson ont été prélevés de son compte, sur demande des services sociaux !
Qui a tué Ned Johnson ?
La Banque d’Amérique aurait été informée électroniquement par la Sécurité sociale à la mi-février du prétendu “décès” de Ned Johnson. Le sénior de 82 ans aurait quitté ce monde au mois de novembre dernier. Qui a déclaré sa mort ? Pourquoi ? Comment ? Mystère. La Sécurité sociale évoque un formulaire venant de l’hôpital, mais impossible pour le couple de recevoir le document… Surtout, Ned Johnson n’est pas seul. Chaque année, environ 9000 personnes sont déclarées mortes, alors même qu’elles soient en réalité bien vivantes, et nécessitent absolument leurs prestations.
L’ombre de Donald Trump et du DOGE d’Elon Musk
Ned Johnson soupçonne que l’affaire puisse être lié aux déclarations d’un certain Donald Trump, qui a récemment affirmé qu’il y aurait des milliers de centenaires morts qui continueraient de percevoir des paiements de la Sécurité Sociale. Un propos débunké par un rapport du Bureau de l’Inspecteur général de la Sécurité sociale, mais qui a été allègrement répété par Elon Musk, à qui a été confiée le Département de l’Efficacité gouvernementale (DOGE), chargée de tailler dans les dépenses publiques américaines. Le président américain persiste pourtant à relayer ce mensonge, en déclarant quelques semaines plus tôt que “les bases de données gouvernementales répertorient près de 3,9 millions de personnes âgées de 130 à 139 ans.”
En ce moment, au moins 10 employés du DOGE travaillent pour l’Administration de la Sécurité sociale, dont six sont impliqués dans les données de décès. Le premier d’entre eux est entré en fonction le 13 février, et 5 jours plus tard, Ned Johnson était déclaré mort. L’affaire ne risque pas de s’arranger puisque l’administration Trump a ordonné une “restructuration” de la Sécurité sociale, en licenciant 12% de son personnel, soit près de 7 000 emplois.
Ned Johnson ressuscité
De son côté, Ned Johnson a finalement été “ressuscité” après avoir passé près de 8 heures à attendre dans un bureau des services sociaux de Seattle, armé de son passeport et de sa personne comme preuves incontestables. À noter qu’il n’y a pas qu’aux États-Unis que des cafouillages de cette trempe existent : il s’en compte une petite dizaine en France.