Le concours des Miss n’échoue jamais à faire parler de lui. Certain‧es y voient un fossile sexiste qui tente de se dire féministe, ou, à l’inverse, une tradition qui se serait modernisée et mettrait en valeur les femmes. D’autres ont décidé de ne plus perdre de temps à se poser la question. Aux Pays-Bas, les Miss, c’est finito. Le pays remplace le concours par une plateforme qui privilégie “la vraie vie”.
Un concours pour élire la “plus belle femme de la nation”
Miss France est un concours qui existe chez nous depuis 1920, fondé par le journaliste Maurice de Waleffe (un homme, évidemment), avec pour objectif affiché de faire oublier aux poilus les affres des tranchées. Si la date de création du célèbre concours varie selon les pays, (1926 au Danemark, 1952 aux États-Unis…), le concept s’est rapidement propagé à l’international. L’idée d’élire la “plus belle femme de la nation” a vite plu : la grisante possibilité de pouvoir juger la plastique d’une jeune femme en la faisant défiler aux côtés d’une ribambelle de concurrentes taille mannequin en maillot de bain et autres tenues plus ou moins révélatrices… La France entière se réunit ainsi chaque année, aux côtés d’un jury (qui s’estime qualifié juge), pour couronner une élue, qui règnera pour un an.
Ce type de concours date en fait de la mythologie grecque, avec le « Jugement de Pâris« , dans lequel trois déesses, Athéna, Héra et Aphrodite, s’affrontaient pour le titre de beauté…
« Les temps ont changé et nous évoluons avec le temps. »
Ce samedi, c’était donc l’édition 2024 de Miss France, et la gagnante s’appelle Angélique Angarni-Filopon. Le week-end du couronnement de celle qui est aussi Miss Martinique, la France apprenait que chez ses voisins, aux Pays-Bas, le concours des Miss, c’est ter-mi-né.
Les Pays-Bas avaient créé leur propre Miss en 1929, soit quelques années après la France. Et ils avaient déjà innové, en élisant l’année dernière la première femme trans de l’histoire du concours, Rikkie Kolle. Mais la Miss Pays-Bas n’aura pas de descendantes, puisque le pays acte la fin définitive des Miss. Dans un communiqué, les organisateurs ont déclaré que « les temps ont changé et nous évoluons avec le temps« . C’est notamment la conviction de la directrice du comité, Monica Van Hey, qui a du même coup annoncé que le concours serait remplacé par une plateforme intitulée « Plus de ce temps« .
« Plus de couronnes, mais des histoires qui inspirent. Pas de robes, mais des rêves qui prennent vie. »
D’après l’AFP, cette nouvelle plateforme aura pour objectif de « partager les histoires de femmes, mais aussi [de] mettre en lumière l’impact des réseaux sociaux et des normes de beauté irréalistes… » Le communiqué promet « [Qu’il n’y aura] plus de couronnes, mais des histoires qui inspirent. Pas de robes, mais des rêves qui prennent vie« . Ainsi, aux Pays-Bas, ce ne sont plus à l’écharpe et à la couronne d’être d’actualité, mais à l’entraide intemporelle entre femmes, et à l’urgence de raconter la vraie vie, « sans la pression de se conformer à une image parfaite« .
En France, on s’émerveille encore que la splendide Angélique Angarni-Filopon, fraîchement couronnée, soit la « plus vieille » Miss de l’histoire de notre pays. Rendez-vous compte, elle a 34 ans !!! C’est déjà un pied dans la tombe… Notez qu’il y a encore trois ans, il était impossible pour quiconque d’espérer entrer dans la course des Miss France au-delà des 24 ans. Ce n’était pas non plus la peine d’essayer si on était mariée ou mère de famille.
Drag Race, ou l’authenticité contre la plastique
En attendant, si les néerlandais sentent le besoin irrésistible de regarder un concours pour couronner une incroyable et intrépide personnalité, ils peuvent se tourner vers Drag Race, cette compétition de drag mondialisée, installée chez eux depuis 2020. Dans cette émission, la plastique n’est pas un critère, surpassée à juste titre par des challenges de couture, de style, de créativité, d’humour, de talents d’écriture et d’interprétation !