Jusqu’au 7 juillet, le second tour des élections législatives anticipées, Nova passe en revue ce qu’il se passe dans les pays qui expérimentent l’extrême droite. Aujourd’hui, Alexis Noé nous parle d’écologie et d’extrême droite aux Pays-Bas depuis l’arrivée au pouvoir du « parti de la liberté ».
Aux Pays-Bas, le gouvernement va être dominé par « le parti de la liberté », dont le chef s’appelle Geert Wilders. Surnommé “le Trump néerlandais”, Wilders veut, par exemple, interdire le Coran ou encore expulser les demandeurs d’asile au Rwanda.
Mais au-delà de son programme xénophobe, le parti dit « de la liberté » de Geert Wilders est aussi ouvertement climatosceptique.
Dans une de ses professions de foi, le Parti de la liberté explique ainsi :
« Cela fait des décennies qu’on nous fait craindre le changement climatique. Nous devons arrêter d’avoir peur.”
Parti de la liberté, Pays-Bas
Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur l’environnement, Geert Wilders n’a peur de rien
Dans son programme, il appelle à plus d’extraction d’énergies fossiles en mer du Nord et plaide aussi pour le maintien des centrales à charbon, de loin l’énergie la plus polluante.
Par ailleurs, le « parti de la liberté » a indiqué qu’il renoncerait aux objectifs de réduction de gaz à effet de serre, au motif que ça ne servirait à rien.
« Les Pays-Bas sont un petit pays, ce ne sont donc pas aux Néerlandais de changer quoi que ce soit. »
Geert Wilders, chef du « parti de la liberté »
Pour gouverner, Wilders qui ne détient pas la majorité absolue, a dû s’allier à d’autres formations politiques et notamment au “mouvement agriculteur citoyen”, le fameux Boer Burger Boweging. Un parti d’extrême droite né en 2019, lors de ce qu’on appelle “la crise de l’azote”.
Un pays où l’élevage pollue énormément
Pour comprendre de quoi il s’agit, il faut savoir que les Pays-Bas comptent 17,5 millions d’habitants, mais possèdent surtout 112 millions animaux d’élevages. Ce cheptel produit des quantités hallucinantes de lisier, qui pollue les rivières, les sols et l’air des Néerlandais.
Alors en 2019, la justice impose au gouvernement de centre-droit de l’époque de faire quelque chose. Ce dernier adopte un plan ambitieux qui prévoit notamment la réduction de 30 % du nombre d’animaux d’élevage.
Ce plan provoque la fureur des agriculteurs qui bloquent les routes avec leur gros tracteur et créé le fameux “mouvement agriculteur citoyen” dont le programme est simple : il demande la fin du plan de réduction de la taille des cheptels et l’allégement, voire la suppression des normes environnementales.
Avec le « parti de la liberté », cette formation agrarienne pourrait donc faire des dégâts incommensurables dans un pays autrefois plutôt ouvert sur les questions écologiques.
Les politiques anti-environnement, une constante de l’extrême droite
En Hongrie, en Pologne, aux États-Unis, au Brésil ou encore aujourd’hui en Argentine, les gouvernements illibéraux prennent toujours pour cible les politiques environnementales.
À un tel point que l’historien français Jean-Baptiste Fressoz parle aujourd’hui de “carbo-fascisme”, un concept qui caractérise ces gouvernements qui délaissent la science et la lutte contre le changement climatique au profit des industries polluantes.
Le RN, allié de Geert Wilders en Europe, entrerait lui aussi parfaitement dans ce champ.