Dans Plus Près De Toi, Thomas Zribi revient sur la Marche « Never Again ».
Dans Plus Près De Toi, Thomas Zribi revient sur la Marche « Never Again » et la manifestation de la jeunesse contre les armes aux USA, qui a eu lieu ce samedi en réaction à la tuerie de Parkland.
Je voudrais revenir sur ce qui s’est passé avant-hier aux États-Unis. Un mouvement historique, baptisé « never again » (plus jamais ça en français), s’est propagé à travers le pays.
Un million de personnes ont manifesté contre les armes à feu, dont 800 000 à Washington.
C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’autant de monde se mobilise sur ce sujet.
Cela fait suite à la tuerie qui a eu lieu dans la ville de Parkland, en Floride il y a un mois et demi. Le 16 février dernier, Nicolas Cruz, 19 ans, est entré dans son ancien lycée et a tué au fusil-mitrailleur quatorze élèves et trois professeurs.
Jamais autant de monde dans la rue
Alors pourquoi cette fois-ci la mobilisation est-elle si importante ? Il y a énormément de mass shooting, comme on dit aux États-Unis, et notamment dans les écoles. Il y a eu notamment Columbine : treize morts. Virginia Tech : trente-trois morts. Sandy Hook, vingt-sept morts dont vingt très jeunes enfants. Mais jamais autant de monde dans la rue. C’est tout d’abord dû, sans doute, aux circonstances.
Nicolas Cruz, le tueur, était proche de mouvements d’extrême droite violents, il avait des problèmes psychiatriques, il avait déjà menacé de tuer ses camarades de classe, et malgré son profil, il avait pu acheter légalement son arme, un fusil d’assaut semi-automatique AR15.
C’est aussi la personnalité de plusieurs lycéens rescapés qui a permis de mobiliser autant.
Les jeunes à l’origine du mouvement
Des jeunes brillants, qui parlent très bien, et qui ont pris beaucoup de place dans les médias ces dernières semaines pour dénoncer l’utilisation folle des armes aux États-Unis. Ce sont eux qui sont à l’origine du mouvement.
Vous avez peut-être vu passer les images, par exemple, d’Emma Gonzalez, une jeune fille aux cheveux rasés, qui a tenu le micro samedi pendant six minutes et vingt secondes, précisément le temps que Nikolas Cruz a mis pour tuer ses camarades au lycée.
Et puis la raison pour laquelle cette manifestation a été si massive, c’est sans doute aussi, un ras-le-bol.
Aux États-Unis les chiffres sont effrayants : 30 000 morts par balle chaque année.
Depuis 2013, une moyenne d’une fusillade de masse par jour dans le pays. Une fusillade de masse, c’est une personne qui en tue au minimum quatre autres.
Et surtout des politiques qui semblent complètement impuissants.
Pendant ses deux mandats, Barack Obama, après chaque tuerie, insistait sur le fait qu’il fallait faire quelque chose, limiter l’accès aux armes à feu. Mais rien n’y a fait, le lobby des armes, la NRA, a bloqué toute velléité de réforme.
Avec Donald Trump à la Maison-Blanche, lui-même proche de la NRA, cela risque d’être encore plus compliqué.
Le problème principal c’est que le droit de porter une arme à feu est inscrit tout en haut de la Constitution américaine, dans le deuxième amendement.
Les manifestants de samedi, d’ailleurs, interrogés par la presse, ne demandaient pas, pour la plupart que la vente d’armes soit totalement interdite pour les particuliers.
Ils demandaient seulement un meilleur contrôle : avoir vingt-et-un ans minimum plutôt que dix-huit pour pouvoir acheter une arme, être soumis à des tests psychiatriques, et interdire les fusils d’assaut.
Résultat, ce n’est pas certain que ces immenses manifestations changeront en profondeur le pays.
Trump a juste annoncé qu’il interdirait désormais la vente de dispositifs qui permettent d’augmenter la cadence des fusils automatiques. Rien de plus.
En revanche, il a proposé que les enseignants puissent désormais porter des armes eux aussi, pour défendre leurs élèves contre d’éventuels tireurs.
Visuel : (c) Getty Images / Noam Galai