On est fiers de nos ancêtres.
Il faut qu’on vous avoue. On n’était pas le premier Nova Mag de l’Histoire. Avant notre Nova à nous, il y a eu ce Nova-là.
Une revue féminine et féministe avant l’heure, avant-gardiste dans la manière dont elle parlait des femmes et aux femmes. Nova est l’une des seules revues anglaises des sixties à avoir embrassé le féminisme et les évolutions sociétales, s’adaptant aux revendications, alors que la plupart des magazines féminins continuaient de se concentrer sur le ménage et la meilleure manière de satisfaire son mari.
Lancée en 1965 par Harry Fieldhouse, Nova s’est fait le porte-parole d’une révolte naissante, d’une époque pleine de bouleversements pour les femmes. Autant dans les codes vestimentaires que sociaux. Nova parlait de mode, mais partait du principe que les femmes avaient aussi l’intelligence et la curiosité nécessaire pour parler de politique, de sujets de société, comme l’avortement.
À une époque où on attendait simplement des femmes qu’elles entretiennent le foyer et élèvent les enfants, Nova titrait: “Pourquoi les femmes font-elles des bébés ?”, “Comment vous déshabiller face à votre mari”, “L’orgasme est-il vraiment nécessaire ?” ou encore “Le sex-appeal de la politique”.
Une manière de se rebeller face aux normes, autant physiques que sociales et politiques. Un féminisme sans compromis et affirmé, surprenant pour l’époque.
“Fieldhouse et son équipe éditoriale ont créé un magazine pour les jeunes femmes débrouillardes et indépendantes, notamment financièrement, traitées comme des femmes, et non des objets, des femmes qui souhaitent nourrir leur esprit et défier la vie”, analyse Dazed.
Des collaborations prestigieuses
Dans les pages de de cette revue précurseure, des collaborations avec de grands noms, de la photographie notamment : Helmut Newton (ci-dessous), Don McCullin, mais aussi des écrits de Susan Sontag, Christopher Booker et Irma Kurtz.
Boudé par les marques de luxe traditionnelles, Nova enrichissait ses pages modes d’accessoires traditionnellement masculins, militaires ou sportifs, sous la houlette de la sulfureuse reine du style, l’anglaise Molly Parkin. À la fin des années soixante, elle fut rejointe par Caroline Baker, qu’on cite volontiers aujourd’hui comme l’une des inventrices du Street style.
La Une titrée “Toutes les putes devraient en voir un”, sur laquelle figurait un mannequin en manteau de fourrure de designer avait achevé de refroidir les publicitaires, mais a fait de Nova une référence
Relancé dans les années 2000, le magazine n’a malheureusement pas survécu un an, assommé par la crise de la presse. Dans une interview pour It’s Nice That en novembre 2015, Caroline Baker analysait cet échec : “Ce nouveau Nova était un magazine de mode, pas un magazine sérieux comme l’était l’original, qui donnait volontiers la parole aux écrivains les plus brillants et controversés de leur époque. On ne parlait de mode que sur huit pages du magazine. (…) Les temps ont changé.”
Visuels : (c) DR