Fin juin, la révocation de l’arrêt historique légalisant l’IVG aux États-Unis a suscité beaucoup de questionnements. Ce droit peut-il être considéré comme acquis ? Est-il plus fragile qu’on ne le croit, ici, en France ?
En France, les décisions politiques récentes vont plutôt vers un renforcement du droit à l’avortement, avec la prolongation du délai pour interrompre une grossesse de 14 à 16 semaines. En tout cas sur le papier. Dans les faits, entre l’hôpital à flux tendu, les déserts médicaux et la clause de conscience des médecins, peut-on avorter sans entrave partout sur le territoire ?
« Un parcours de soins chaotique »
Épisode 1 : Délais d’attente pour un premier rendez-vous, permanences téléphoniques saturées, déplacements d’un bout à l’autre du département impossibles sans voiture, jugements, voire réprobation du corps médical ou de l’entourage : le parcours de soin des femmes qui veulent avorter ressemble encore bien souvent à un parcours du combattant.
« Déserts médicaux, déserts pour les droits des femmes »
Épisode 2 : Environ 30% des Français vivent dans un désert médical. Dans ces zones, l’accès à l’avortement est encore plus fragile qu’ailleurs. C’est le cas de la Meuse, où les sages-femmes se serrent les coudes et sillonnent le département pour aider les femmes à avorter dans les meilleures conditions possibles. Selon la Drees, Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques, 38,4% des Meusiennes qui voulaient avorter en 2020 ont tout de même dû aller dans un autre département…
« La double clause de conscience »
Épisode 3 : Alors que le droit à l’avortement est déjà fragilisé par les déserts médicaux et le manque de moyens financiers et humains à l’hôpital, un pourcentage non négligeable de professionnels de santé refusent de pratiquer des IVG. Ces derniers invoquent leur clause de conscience spécifique : une clause sans laquelle Simone Veil n’aurait sans doute pas réussi à faire adopter son texte de loi légalisant l’avortement en 1975… Presque 50 ans plus tard, l’existence de cette clause a-t-elle encore du sens ?
« À la Maison des Femmes de Saint-Denis »
Épisode 4 : En Seine-Saint-Denis, territoire qui cumule des difficultés sociales et un accès au soin souvent difficile, la Maison des Femmes est sortie de terre en 2016. Dans ce lieu où travaillent gynécologues, sages-femmes, infirmières et travailleuses sociales, une dizaine d’avortements ont lieu chaque jour. On y accueille aussi les femmes victimes de violences conjugales et les victimes d’excision. Pour garantir l’accueil de toutes ces femmes, un seul mot d’ordre : la bienveillance.
“Un droit jamais acquis ? »
Épisode 5 : Pourra-t-on un jour dire que le droit à l’avortement est un acquis ? Est-ce déjà le cas, ici, en France ? C’est en tout cas l’avis de certains politiques qui jugent sa constitutionnalisation accessoire. Mais qu’en pensent les militantes qui se sont battues avant la légalisation en 1975 ? Ont-elles baissé la garde depuis ? On en discute avec Danièle Gaudry, gynécologue-obstétricienne, qui pratique des IVG depuis le début des années 70, alors que c’était encore interdit.
Une série de reportages signée Pauline Josse.