La nouvelle tombée à quelques jours seulement de la trêve des confiseurs a fait grand bruit dans le landerneau des musiques du monde et du jazz, tant en France qu’à l’étranger. Elle laisse un sale goût en bouche, un goût de gâchis. La 14ème édition de Babel Med 2018 n’aura pas lieu. La Région PACA a sucré 79% des subventions qu’elle accordait à ce marché-festival des musiques de partout, festival qui avait élargi son spectre l’an passé pour la première fois à la galaxie jazz.
Bien sûr, il est possible pour une institution de réduire la voilure, et même de se désengager, mais à trois mois de la manifestation annuelle prévue en 2018 du 26 au 28 mars, la décision est dure à encaisser ou à décaisser, c’est selon. Pour les organisateurs bien sûr, qui ont déjà pris des engagements conséquents ; mais aussi pour les professionnels exposants ou non qui s’organisent pour être là année après année et réservent transports et hébergements au plus tôt afin de bénéficier des meilleurs tarifs.
On aurait pu espérer que la Région dirigée par M. Muselier, qui fut Président du Haut Conseil de l’Institut du Monde Arabe, soit sensible aux échanges que favorise ce festival et à l’ouverture culturelle qu’il propose. On aurait pu espérer… à condition d’oublier qu’il ne le fut qu’un an à peine. Nommé en septembre 2011, il sera officiellement débarqué en juillet 2012 avec échéance en novembre de la même année.
Bien sûr comme toutes manifestations, Babel Med se devait d’imaginer de nouvelles pages à son histoire, d’intégrer au jour le jour les évolutions du milieu de la musique et tout particulièrement de celui des musiques du monde gagnées à leur tour elles aussi par les moyens de production et de diffusion numériques. Il se devait aussi de chercher de nouveaux partenaires financiers. Tout cela était en cours. L’ouverture au jazz l’an passé devait continuer d’ouvrir Babel Med à de nouveaux publics, passant d’une fréquentation de 13000 personnes en 2016 à pratiquement 15000 en 2017. Au sein même de l’équipe, une passation des pouvoirs prenaient forme entre créateurs historiques en âge – ou bientôt en âge – de retraite et quadras investit pour certains depuis la création de la manifestation. Des opérations en direction des publics scolaires avaient vu le jour avec un certain succès. Des lignes budgétaires avaient même déjà été tracées sur les cahiers comptables de la Région. Lignes qui n’ont plus lieu d’être en l’absence de la manifestation sur laquelle elles étaient censées se greffer. Étonnant !
Bien sûr, les plus dotées des structures régionales auront toujours l’occasion d’être représentées lors des grands raouts (Visa for Music à Rabat, Maroc, Atlantic Music Expo à Praïa au Cap-Vert pour ne citer qu’eux) ou de rejoindre l’itinérant WOMEX, mais toutes leurs consœurs qui se réjouissaient d’avoir pour le prix d’un billet de tramway ou de TER, une ouverture sur le monde, elles peuvent toujours se retourner vers la Région pour lui demander de débloquer de nouvelles aides au déplacement.
Une pétition mise en ligne par la structure Zone Franche est en ligne ici