Et c’est très drôle.
Dans le clip de « Layla« , ce morceau fort et grelottant (les deux vont parfois ensemble), Bachar Mar-Khalifé, assis sur un divan, faisait face à une autre silhouette également assise et au regard flouté, celle de son père (Marcel Khalifé, le grand chanteur et oudiste libanais), puisque c’est lui qu’il évoque à l’intérieur de ce morceau figurant sur son troisième album Ya Balad (« Ô pays » en Arabe). L’histoire d’une confrontation, cérébrale et mémorielle, nécessaire d’engager pour que certaines portes se débloquent.
Dans le clip de « Lemon« , dévoilé aujourd’hui, c’est au tour de la mère de Bachar – Yolla Khalifé, chanteuse et poétesse elle aussi – d’intervenir, dans la composition du moins. L’irruption féminine présente ici, concise et verte (oui, verte) s’avère largement plus douce. Ou moins violente plutôt, puisqu’elle se retrouve tout de même à dévorer devant les yeux ébahis de Bachar, un citron tout jaune, leitmotiv évident d’un clip qui impose son coloris jauni sur l’ensemble et qui intervient, selon le moment, en guise de pendule d’hypnose, de pédale de clavier, de balle de tennis, de fruit acide et riche en vitamines C (sa fonction première). Des citrons partout, du jaune sur les peaux (comme des Schtroumpfs dans une civilisation qui aurait rejeté la symbolique du bleu), et un clip franchement très drôle pour illustrer l’apothéose rythmique d’un album que Bachar était venu nous présenter, on s’en rappelle évidemment, à l’occasion de notre Nuit Zébrée clermontoise cette année.
Le clip est signé par le collectif Scale, qui avait réalisé le clipe de « Layla » et avait participé au « Paradis de Helki », cette création montée au théâtre des Bouffes du Nord il y a une grosse année, et fait implicitement référence aux carcans qu’autrui (la société, l’industrie du disque, tout le monde en fait) souhaite imposer à un artiste qui ne cesse de clâmer, plutôt, l’irracible volonté de liberté permanente. Bachar, Prix Citron de l’année.