12 O’Clock Boyz, un documentaire sur le dirty biking à B-More.
Comme il est plaisant de trouver encore des documentaires intelligents et dépourvus de cette voix off qui dénature et oriente les images comme bon lui semble.
Faire de bons documentaires consacrés à la musique ou aux mouvements de contre-culture est donc encore possible et c’est ce que cherche à mettre en avant l’excellent festival F A M E qui commence ce jeudi à la Gaité Lyrique. On vous avait déjà parlé de Danger Dave, mais aujourd’hui c’est un autre doc qui a attiré notre attention. 12 o’clock Boyz.
Baltimore, ou B-More pour les intimes est une capitale en soi. Capitale de la criminalité, avec une criminalité sur les personnes qui était 2,9 fois supérieure à celle de la moyenne des États-Unis, et B-More est aussi la ville qui possède le plus haut taux de meurtres entre Afro-Américains des Etats unis.
Mais Baltimore n’est pas qu’un nom morbide, elle est aussi capitale musicale, la B-More Club étant un registre House particulier, qui s’est fait un nom à travers le monde: et qui mélange le Hip Hop et des ryhtmiques House dont on vous évoquait les nuances avec sa cousine la Jersey Club ici. Lieu de rencontre du groupe Animal Collective par ailleurs, la renommée musicale de Baltimore est proportionelle à sa réputation de ville sanglante. Pourtant l’économie globale de Baltimore se classe parmi le premier quart des villes des Etats Unis et la région abrite par exemple la prestigieuse école John Hopkins.
Ces dichotomies sociales et ce sentiment d’abandon sont souvent les terreaux de cultures souterraines et de micro-sociétés dont les formes varient. Baltimore est ainsi aussi la capitale du Dirty Biking et est peuplée de gangs friands de cette pratique. Le dirty biking étant la pratique sauvage de la moto cross et du quad dans un milieu urbain.
Des gangs de jeunes afro-américains sillonnent ainsi les quartiers de Baltimore en pratiquant des exercices de Wheeling, c’est à dire des roues arrières, se pavanant au nez et à la barbe des flics, ennemis numéros 1 et centre de toutes les haines mais que la législation n’autorise pas à chasser en voiture ces motards, du fait de la dangerosité d’une telle course poursuite.
On assiste alors à des scènes incroyable ou ces dirty bikers sont poursuivis par des hélicoptères (ou ghetto birds) qui cherchent à traquer les gang-bangers jusqu’à chez eux. S’ensuit toute une organisation et toute une fraternité, où les bikers sont accompagnés de camionnettes dans lesquelles ils dissimulent leurs motos afin d’échapper aux forces de l’ordre.
12 O’Clock boyz, est le plus grand gang de Dirty Bikers de Baltimore, et le plus respecté. C’est aussi le titre qui a été donné au documentaire réalisé par Lotfy Nathan, qui a effectué un travail d’immersion de 3 ans, en se focalisant sur le destin de Pug, un jeune adolescent de Baltimore et son envie irrépressible d’intégrer le gang des 12 o Clock Boyz. La profondeur du documentaire réside alors dans ces rites d’initiation et les mobiles qui justifient au yeux de Pug cette association entre dirty bikers. Pourtant derrière ce qui s’apparenterait à un roman picaresque se dessinent en creux les enjeux sociaux sous jacents qui jalonnent ces modes d’expressions de et lifestyle. La complexité de Baltimore s’expliquant peut-être en partie par ces gangs de Bikers qui pullulent dans ses rues.
Cette immersion et cette focale en contre-plongée sur Baltimore et ses microcosmes sociétaux sera projetée le samedi 15 mars à la Gaité Lyrique : Infos ici.