Bodega à Bordeaux, voilà une rebelote qui réjouira tou.te.s celleux qui ont savouré la première venue des New-Yorkais.es dans le hall de Barbey, configuration Indie Club, petit comité, crème de l’indie servie sur un plateau. C’était il y a trois ans, et plus d’un.e en garde des souvenirs émus – à commencer par votre serviteur. Qui a consigné depuis belle lurette dans l’agenda ce rendez-vous art-rock, fortement teinté d’essences post-punk et indie-disco. Modèles revendiqués, en remontant le temps tel le saumon dans le courant : Parquet Courts (dont le guitariste Austin Brown a produit le premier album de Bodega, tiens, tiens), Art Brut, Talking Heads.
En début d’année, Bodega a dégainé son second LP, Broken Equipement. Un album qui conserve le punch et le caractère du précédent volume, entre rigueur rythmique, oeillades hip-hop, refrains à la pertinence pince-sans-rire et guitares délurées. Du tout bon. Un régal musical, joué sur la ligne, assorti d’une esthétique maligne, intello, touchant aux arts plastiques comme au cinéma, des domaines visuels où les membres du groupe (à commencer par la chanteuse et co-leader Nikki Belfiglio) aiment aussi à expérimenter.
Exemple de ces fructueux croisements créatifs, ce single, où ces « doers » très doués, sans complexe ni esbroufe, arrivent à caser et à causer d’Hemingway et de Bandcamp, de métro et de Walt Benjamin, sur un tempo scroll’n’roll baigné de lumière glauque (ce bleu-vert qui leur est associé, comme le violet à Prince).
Au même titre qu’à bon chat bon rat, un excellent groupe se doit d’avoir une première partie du même tonneau. Aussi, pour se joindre à cette fine équipe perpétuant une certaine tradition arty du rock de la Grosse Pomme, le trio bordelais Bassbassgâterie a été appelé en renfort.
C’est pré-pop, post-punk, ou l’inverse ; une musique minimale et spontanée, sans trace de gras sur les côtes flottantes, lorgnant davantage sur les désossages funky à la Bush Tetras que sur les boeufs de Bazas. « La bitare reste au placard », comme elles disent ; basse, batterie et synthé se fendront de combinaisons propres à aviver l’allégresse générale, taper du pied, sourire accroché aux tympans.
Et les places, me direz-vous, où est-ce qu’elles se dégotent ? Il est où le chaudron d’or ? Mais ici, là, maintenant, tout de suite, avec le mot de passe Nova Aime.