Vous suivez le rock indé ? Alors, deux choses. D’une, vous vous réjouissez du retour cet automne des fameux Indie Clubs de la Rock School Barbey, son rez-de-chaussée aux escaliers malaisés, son public connaisseur, sa programmation au taquet (Bodega, Jacco Gardner, Deerhunter, etc.). De deux, vous avez sans doute croisé, au fil de vos pérégrinations, le nom de ce label auprès duquel les « BIC » se sont tournés : Speedy Wunderground.
Pour celleux qui n’auraient pas eu cette aubaine, c’est le (U)K Records des années Brexit. Un label anglais commandé par le producteur Dan Carey qui a fait émerger, de premiers singles en sessions live directement coulées dans le vinyle, la fine fleur de la relève rock d’outre-Manche : Squid, Sinead O’Brien, Black Midi, Scottibrains ou encore Black Country New Road (qu’on croisera bientôt à Bordeaux, on vous en reparle vite).
Parmi ces groupes et artistes, Tiña a, plus que tout autre, une place à part. C’est le groupe qui a convaincu Speedy Wunderground, jusqu’ici cantonné aux maxis, singles et compilations, de franchir le Rubicon et d’inaugurer le catalogue des LP, des albums long-format. Positive Mental Health Music est paru en novembre 2020 : douze chansons classic-rock où la voix de Joshua Loftin passe du traînement éraillé et écorché (« Growing on Age ») à un surprenant timbre de tête (« Rooster ») ; un concentré d’indie-rock 90s aux références douces-amères et très ricaines – un peu Guided by Voices, un peu Sebadoh, de la country – mais qui ne se prive pas d’ajouter quelques rasades d’Oasis (ou du dernier Fontaines D.C) dans la recette pour flatter l’oreille férue de choses britpop à l’heure du haddock frit.
Composé par son auteur, ainsi que son titre le laisse deviner, pour sortir par le haut d’une sévère dépression, ce premier album de Tiña fournira la matière d’un concert qui ne manquera pas, lui aussi, de vous réconforter, d’éloigner, peut-être, les spectres très actuels du burn-out ou de la solastalgie. Et ce, bien sûr, même si vous n’avez pas l’audace d’arborer la panoplie rose vif ou le stetson incongru de Joshua Loftin (chourés dans la garde-robe d’un Ariel Pink trop occupé à débiter ses bêtises alt-right ?).
Pour gagner votre ticket d’or, non pas Wonka mais Nova, vous pouvez tenter le coup sans plus attendre. Mais par quel prodige ? Eh bien, EN JOUANT ICI – OUI, OUI, JUSTE ICI. Bienvenue au (Barbey Indie) club.
Barbey Indie Club : Tiña, le lundi 27 septembre à 20h30 @ Rock School Barbey (Bordeaux).