La chronique de Jean Rouzaud.
Après le livre Smile, sur le groupe pop californien le plus mythologisé – The Beach Boys donc -, voici le roman de la vie des frères Wilson, sous le titre Un été sans fin par Jean-Emmanuel Deluxe, fan de la première heure.
Ce groupe dit « Surf », est comme le monstre du Loch Ness, un animal mythique qui réapparaît régulièrement depuis les années soixante, pour le meilleur et le pire, sous la plume d’amateurs intrigués. À la fois pionniers de la prétendue Surf culture (avec Jan & Dean, Dick Dale et quelques autres…), les Beach Boys ont donné une dimension symphonico-céleste à la Pop.
Drame pop
Mais leur histoire (père tyrannique, trois frères concurrents et une pléthore de satellites et de conseillers, suite à un tube mondial) est devenue un drame pop qui se raconte sans cesse. Brian Wilson, l’ainé, leader, surdoué et parano, a failli finir comme Syd Barrett (fou et cloitré), mais son éternelle renaissance a fait le buzz !
Écoutez « Good Vibrations », ou « Heroes and Villains », grand virage après les tubes surf, et vous comprendrez aussitôt cette nouvelle musique, faite d’harmonies subtiles et de chœurs parfaits, pleine de breaks , de glissendos et de silences.
Et comme souvent, la gloire d’un coup de génie peut vous coûter la peau (voir Bee Gees avec « Saturday night fever »). Brian Wilson, paralysé par l’angoisse de ne plus faire aussi bien, et achevé, en 1967, par le Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band des Beatles (entre autres) ne va plus composer que des « bouts » de mélodies, à assembler comme un cut up qui ne se fera jamais vraiment.
L’auteur raconte ce groupe moribond qui n’en finit pas, comme une longue histoire décadente. Les frères Carl et Dennis viendront au secours de leur ainé flippé et devront souvent se produire sans lui. Le cousin Mike Love, lourd et réac, n’arrangera rien (il refusa le festival de Monterey à cause de Joan Baez, la « communiste »). Il faudra d’autres assistants comme Van Dyke Parks ou Bruce Johnston pour remettre Brian debout, mais la réalité est que les stars ne durent pas, même en survie…
Légende parfaite
Parabole de la musique californienne, l’histoire des Beach boys est une légende parfaite, enterrée par le vent de la « british invasion », et de l’évolution sauvage du pop rock américain, dans la frénésie sixties. Attendons-nous à voir encore des revivals du mythe surf, comme tous les fantômes, il revient sans cesse.
Beach Boys, Un été sans fin, par Jean Emmanuel Deluxe. Éditions Atlantica. 184 pages. 21 euros (format 15×21 cm), Jean-Emmanuel Deluxe est auteur et artiste, avec son label Martyrs of Pop. Il a travaillé entre autre, avec April March et Jay Alansky).
Visuel : (c) Éditions Atlantica