Coté ciné cette semaine, le « presque » retour de Tim Burton et un John Wick made in India.
Le « presque » retour de Tim Burton
Il y a trente-six ans, beaucoup ont découvert Tim Burton avec Beetlejuice. L’ex animateur de chez Disney y plantait son décor naturel, entre décorum gothique, fantaisie débridée, bricolages rigolos et passions pour les freaks et marginaux en tout genre. Burton aura donc eu une place à part, celle d’un gamin aussi effronté que créatif, mais aussi véritable anomalie dans le cinéma de studio américain. Pendant plusieurs années, ce bras de fer s’est engagé, Burton parvenant à conserver sa patte sur des projets de commandes, avant de se voir formater pour des films aussi mercantiles qu’à grand succès comme son Alice au pays des merveilles ou sa relecture de La planète des singes mais totalement dévitalisés.
La nouvelle aventure de Beetlejuice est une bonne nouvelle quand le cinéaste revient à ses racines. Evidemment à sa manière avec le retour d’un trublion prêt à tout pour revenir du monde des morts vers celui des vivants. Difficile de ne pas y voir une envie de renaissance pour Burton. On parlera plutôt de convalescence, ce nouveau Beetlejuice a beau avoir retrouvé le tonus et l’esprit des débuts, son plus grand fantôme reste un scénario tout raplapla, dispersé entre trame confuse et galerie de personnages secondaires inutiles.
Pour autant, on y trouve parmi les séquences les plus inventives et poétiques tournées depuis longtemps par son auteur. Notamment une où sa nouvelle muse, Monica Bellucci doit rassembler les membres de son corps et les rafistoler à coup d’agrafeuse. Si cette séquence est aussi somptueuse que touchante, c’est sans doute parce qu’elle incarne les cicatrices d’un Burton qui commence à reprendre pied.
Un John Wick made in India
Des cicatrices, il n’y en a pas dans Kill, film de castagne venu d’Inde. Au premier abord cette affrontement en huis clos entre un militaire et une inépuisable armée de bandits dans un train semble essentiellement empiéter sur les plates-bandes de John Wick et consorts, avec son héros invincible qui remplit les wagons de cadavres.
L’objectif de cette série B musclée est pourtant moins bourrin, quand il bastonne les codes du cinéma d’action, jusqu’à casser certaines de ses règles, que ce soit avec un sidérant twist à mi-parcours ou en évitant à son extrême d’être gratuite, en l’étoffant d’une vision acide d’une Inde sociale à deux vitesses ou en incarnant pleinement certaines victimes du carnage. Confirmant l’avènement d’un nouveau cinéma indien populaire survitaminé, Kill décroche aussi la mâchoire par son envie d’en découdre avec les blockbusters usuels. En résumé : Kill, ça tue !