Tic tac tic tac. 2025 arrive à grands pas. Mais avant de plonger dans les réjouissances des fêtes (et la sempiternelle dispute familiale lors du repas du 24 décembre), retour sur une escapade qui nous a donné du peps dans les jambes et des étoiles plein les yeux : Belfast. Oui, Belfast. Cette ville qu’on aime imaginer entre la Guinness tiède et les murs tagués de slogans politiques (toujours aussi percutants) est également en réalité une pépite culturelle, une marmite bouillonnante de créativité où se mêlent street art, musique et un soupçon de chaos bien dosé.
Cathedral Quarter Arts Festival : où l’on passe de Mr. Scruff à C Duncan
Bienvenue au Cathedral Quarter Arts Festival, ce joyeux bazar artistique où l’on peut croiser un DJ jouant avec des tasses de thé et un chanteur pop au look rétro qui pourrait être la réincarnation d’un personnage de Twin Peaks.
Sean Kelly, le chef d’orchestre un peu barré derrière cette aventure, m’explique entre deux gorgées de breuvage maison : « On veut que les gens sortent de chez eux, qu’ils se connectent avec l’art. Peu importe si c’est du jazz, du punk ou du théâtre d’avant-garde. » Et il faut avouer que ça marche.
Dans la mythique salle Black Box, Mr. Scruff nous a offert un set éclectique à la fois funk soul et délirant, tandis qu’au Ulster Sports Club, extraordinaire pub où se côtoient fans de retransmissions sportives et mélomanes sur quatre étages, le chanteur à la fois intimiste et pince-sans-rire écossais C Duncan a hypnotisé une foule compacte avec sa voix de crooner pop et son énergie lunaire. Une soirée comme seules les villes un peu timbrées savent en offrir.
Festival of Fools : Des Jongleurs et des Rêveurs
Le lendemain, un peu plus loin, Jenna Hall, directrice du Festival of Fools, me décrit son bébé comme « un moyen de redonner la ville à ses habitants« . Traduction : on ferme des rues, on installe des scènes et on laisse des jongleurs, acrobates et autres artistes de rue faire le show.
Writer’s Square s’est transformée en un terrain de jeu où les enfants, les familles et les hipsters barbus (on est en 2024 après tout) ont ri aux éclats devant des clowns trop sérieux pour être honnêtes. « C’est une déclaration d’amour à Belfast« , me lance Jenna. Et effectivement, la magie opère.
Hit The North : où le Street Art Rencontre David Holmes
Et puis, il y a Hit The North, la cerise urbaine sur le gâteau culturel de Belfast. Imaginez un quartier entier transformé en galerie à ciel ouvert, des graffeurs s’affairant comme si leur vie en dépendait, le tout ponctué d’une block party comme seuls les Irlandais savent en organiser.
Adam Turkington, l’esprit farouchement créatif derrière ce festival de street art, m’explique avec un mélange d’enthousiasme et de nonchalance : « L’idée était simple au départ : inviter quelques artistes à revitaliser les murs délabrés du quartier. Mais ça a pris une ampleur folle. Aujourd’hui, on a des pointures du street art qui viennent du monde entier. »
Parmi ces artistes, des noms comme Smug, virtuose des fresques hyperréalistes, ou encore Roe McDermott, dont les œuvres mêlent poésie et activismes visuels, ont littéralement redessiné le paysage de Belfast. Adam insiste sur l’importance de ce dialogue artistique : « C’est plus qu’un festival, c’est un laboratoire où les artistes peuvent expérimenter, provoquer et inspirer. »
Pendant la célèbre Block Party, des murs entiers se sont métamorphosés sous les bombes de peinture, chaque coup de spray apportant une touche de couleur et de sens. Au cœur de ce chaos visuel, le légendaire David Holmes, aux platines, a tissé une bande-son parfaite, passant du reggae au hip-hop avec une élégance qui n’appartient qu’à lui.
« Le street art, c’est un miroir de notre époque, une manière de capturer l’instant et de dialoguer avec le public« , ajoute Adam. Et c’est exactement ce qu’on ressent en flânant dans ces rues, devenues une galerie en perpétuelle évolution.
Belfast : Entre Titanic et Dynamite
Mais Belfast, c’est aussi son histoire, ses cicatrices, et son art de transformer les tragédies en triomphes. Le Titanic Belfast est un exemple parfait : un musée immense et impressionnant, dédié à un navire qui n’a jamais atteint sa destination. Une métaphore de la ville ? Peut-être.
Et puis il y a la musique. De Van Morrison à Snow Patrol, Belfast est une machine à fabriquer des légendes. Même les bars du coin respirent l’histoire : poussez la porte de l’Ulster Hall ou du Oh Yeah Music Centre, et vous comprendrez pourquoi cette ville mérite son titre de Ville de Musique UNESCO.
Belfast, c’est une claque. Une ville qui ne ressemble à aucune autre, où chaque festival, chaque rue, et chaque note de musique semble crier : « On est là, et on a des choses à dire ! » Alors n’hésitez pas à vous y rendre pour les écouter.